Exubérance de l’Esprit au Brésil

Brésil

Pour de nombreux évangéliques brésiliens, la Pentecôte n’est pas un événement ponctuel du passé. Ils sont conscients de la présence de l’Esprit dans leur vie quotidienne. Environ 70% des paroisses évangéliques du Brésil sont pentecôtistes, les autres sont influencées par le mouvement pentecôtiste.

Ce qui influence notre vision de la Pentecôte

Au Brésil, nous n’avons pas de tradition de pensée critique. Nous nous attendons à ce que Dieu change notre vie par l’œuvre merveilleuse du Saint-Esprit, comme cela s’est passé lors de la première effusion à la Pentecôte.

Nous sommes aussi influencés par le spiritisme. Les pratiques de l’Umbanda – des manifestations surnaturelles – poussent les Brésiliens à accepter ce qui se passe sans se poser de questions ni discerner s’ils ont affaire au Saint-Esprit ou à d’autres esprits.

Lorsque nous entendons parler de manifestations surnaturelles dans une assemblée locale, nous voulons les voir de nos propres yeux pour savoir ce que Dieu fait aujourd’hui. Nous lisons souvent [la Bible] sans considération d’ordre historique. Dans Actes 2, nous sautons ce qui concerne le vent et la proclamation : ce qui est vraiment important, ce sont les langues, preuve que Dieu est à l’œuvre et que nous sommes son peuple choisi. [Nous pensons] que si cela s’est produit dans le passé, cela pourrait et devrait arriver à nouveau aujourd’hui (Marc 16/17-18).

Cette conception est si ancrée que ceux qui ne sont pas pentecôtistes ont le sentiment de passer à côté de quelque chose. Certains se demandent pourquoi ces manifestations surnaturelles ne se produisent pas en eux ou dans leur paroisse aujourd’hui. Ils se reprochent de ne pas être ouverts à l’Esprit. D’autres sont sur la défensive, et demandent si les manifestations (langues, guérison, prophétie) changent vraiment la vie de ceux qui prétendent avoir ces dons.

Rechercher le Saint-Esprit

Cependant, aucune de ces réactions ne nous aide à comprendre ce que Luc essayait de nous dire. Notre lecture devient alors non pas la recherche du sens du texte, mais ce qu’il a à dire « pour moi ».

Lorsque nous parlons du Saint-Esprit, souvent nous ne sommes pas vraiment intéressés par le Saint-Esprit, mais par ce que l’Esprit peut nous donner : la puissance.

La même vision du monde domine notre lecture des Évangiles. Nous ne nous soucions pas de la question cruciale que les évangélistes essaient de nous amener à nous poser : « Qui finalement est ce Jésus ? » Notre lecture est : « Que peut faire ce Jésus pour moi ? »

Ce qui nous inquiète, c’est que cette question apparaît déjà dans les Évangiles lorsque les responsables juifs voulaient que Jésus accomplisse un miracle devant eux (Matthieu 12/39), ou quand Hérode souhaitait voir un miracle (Luc 23/8-9). La réponse de Jésus aux responsables juifs a été le signe de Jonas ; et à Hérode, Jésus n’a pas dit un mot.

Dans notre recherche pragmatique de la puissance de l’Esprit, nous recherchons des avantages personnels plutôt qu’une adoration authentique. Ainsi, nous avons besoin d’entendre les paroles d’A.W. Tozer : « Celui qui cherche Dieu comme un moyen d’atteindre ses objectifs personnels ne trouvera pas Dieu. » Cela soulève une question embarrassante : Si ces gens ne trouvent pas Dieu, qui ou que trouvent-ils ?

L’œuvre de l’Esprit comme transformation

Néanmoins, la grâce de Dieu transcende nos faiblesses. Même si nous lisons tous la Bible avec nos présupposés, Dieu s’approche de nous et change nos vies. Ceux qui sont ouverts à l’œuvre de l’Esprit, à travers la Parole, les conversations personnelles, les situations quotidiennes, voire les manifestations surnaturelles, et qui essaient de discerner ce que Dieu fait, sont transformés. Souvent nous espérons que cette croissance dans la foi soit beaucoup plus rapide, mais le processus de maturation est lent.

Il n’est pas facile pour nous de changer notre perspective : « Dieu est à notre disposition pour satisfaire nos besoins ». Nous devons apprendre ce que la Bible enseigne sur la vie chrétienne, accompagnés par des personnes qui pratiquent ce style de vie. Nous n’avons pas besoin de héros ; nous avons besoin de chrétiens ordinaires qui remettent en question les modèles contemporains de réussite et dont le modèle est Jésus.

Je me réjouis du fait que mes compatriotes brésiliens – pentecôtistes et mennonites – s’ouvrent à l’œuvre de l’Esprit dans leur vie, qu’ils reconnaissent leurs péchés (Jean 16/8) et se laissent guider par l’Esprit vers la vérité (Jean 16/13).

Nous savons que l’œuvre de l’Esprit est loin d’être terminée dans nos propres vies et prions que le processus de transformation se poursuive jusqu’à ce que « nous devenions en tous points semblables à Christ » (Éphésiens 4/15). Cela pourrait prendre plus d’une génération. Nous sommes appelés à modeler nos vies sur Jésus et à influencer ceux qui nous entourent. Seul Dieu peut changer le monde.

—Arthur Duck est professeur à Faculdade Fidelis, une école biblique affiliée aux Frères mennonites à Curitiba (Brésil). Une version de cet article a été publiée dans le MB Herald du 1er juin 2011.


Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
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