Auteur/autrice : mennworldcon

  • En juillet 2009, des responsables de l’Église mennonite d’Indonésie se sont retrouvés en pleine conversation à l’extérieur d’un dortoir à Asunción au Paraguay. Même s’ils se connaissaient, leurs chemins se croisaient rarement. Les trois groupes d’églises qu’ils représentaient ont des histoires compliquées qui comportent notamment des séparations et des divisions.

    Mais là, dans le contexte paisible du 15e Rassemblement de la Conférence Mennonite Mondiale, quelque chose d’important a changé dans leur relation. « Nous avons découvert que nous avions tous à peu près le même âge et que nous partagions plusieurs préoccupations et valeurs communes », rappelle David Meijanto.

    Pour la première fois, les membres du groupe se sont demandé : pourquoi ne pas nous rencontrer plus souvent de retour en Indonésie?

    Un microcosme de l’anabaptisme mondial

    Les responsables d’églises sont rentrés en Indonésie avec l’engagement de se rencontrer tous les trois mois pour échanger et s’encourager. Lors d’une de ces rencontres « intermenno », l’idée leur est venue d’accueillir ensemble, en Indonésie, le Rassemblement mondial de la CMM en 2021.

    Voici une introduction aux trois synodes qui composent l’Église mennonite en Indonésie, tous marqués par le défi de vivre en tant qu’infime minorité dans un pays qui compte la plus grande population musulmane dans le monde.

    GITJ

    GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa / Église évangélique de Java) est le groupe le plus ancien. L’Église, issue en 1854 du travail des missionnaires mennonites néerlandais et du linguiste Pieter Jansz, a été la première église mennonite anabaptiste dans le monde dont les membres n’étaient pas principalement d’origine européenne ou nord-américaine.

    Un personnage influent des débuts de l’histoire de GITJ a été Kyai Ibrahim Tunggul Wulung, un mystique local qui a contribué à adapter le message de l’évangélique dans un langage typiquement javanais.

    Aujourd’hui, les membres des 110 églises GITJ vivent surtout dans des régions rurales près de Jepara et de Puti, parlent le javanais, travaillent comme ouvriers agricoles et conservent un style liturgique relativement formel.

     

    GKMI

    GKMI (Persatuan Gereja-Gereja Kristen Muria Indonesia / Union des Églises chrétiennes Muria de l’Indonésie) tire son origine des immigrants chinois qui se sont installés à Java au début du 20e siècle.

    En 1917, Tee Siem Tat, un homme d’affaires chinois, est devenu chrétien lorsque lui et un autre membre de sa famille ont été miraculeusement guéris après avoir écouté des histoires de l’Évangile.

    L’identité anabaptiste des églises a été renforcée dans les années 1950 et 1960 quand Hermann Tann a travaillé à introduire la théologie et l’organisation mennonite.

    Aujourd’hui, quelque 55 églises composent GKMI. Leurs membres sont généralement d’arrière-plan chinois, bien éduqués et très engagés dans la mission.

    JKI

    JKI (Jemaat Kristen Indonesia / Assemblées chrétiennes d’Indonésie) a vu le jour à la fin des années 1970 comme un mouvement de renouveau charismatique au sein de GKMI.

    Sous la direction de Adi Sutanto, un petit groupe de prière GKMI a commencé à incorporer le parler en langues, la guérison, les visions et la prophétie dans leur culte régulier. JKI, formé en 1985, a grandi et compte désormais 155 églises dont plusieurs sont aux États-Unis, en Australie et aux Pays-Bas.

    L’Église JKI la plus connue combine un culte charismatique à des ministères sociaux et à un puissant programme d’évangélisation dans la ville de Semarang. Son bâtiment pour 20 000 membres, le « Holy Stadium », sera probablement l’emplacement du prochain Rassemblement de la CMM en 2021.

    Aujourd’hui, les responsables de ces trois synodes regardent au-delà de leurs différences et recherchent de nouveaux partenariats entre eux et avec le vaste monde mennonite. Le Rassemblement de la CMM en 2021 offrira un bel aperçu des différentes façons que l’anabaptisme s’est implanté en Indonésie.

    Ce n’est pas trop tôt pour ajouter cet événement à votre calendrier.  TM

    —John D. Roth, secrétaire de la Commission Foi et Vie de la CMM; professeur d’histoire au Goshen College en Indiana (É.-U.); directeur de l’Institut d’études de l’anabaptisme mondial

    Cet article a d’abord paru dans l’édition du mois d’avril du magazine The Mennonite, publié par Mennonite Church USA.

     

  • Walter Jakobeit headshot
  • Il y a moins d’une année, j’étais loin de me douter que j’allais être en Indonésie en février et que j’allais avoir quatre nouveaux amis de quatre continents différents. Pourtant ce sont des choses qui arrivent quand on s’engage au sein de notre communauté de foi mondiale : on aboutit dans des endroits où l’on n’aurait jamais soupçonnés aller – sur le plan physique, spirituel, mental et émotionnel.

    Nous cinq – Jantine Huisman, Makadunyiswe Ngulube, Dominik Bergen, Ebenezer Mondez et moi-même – ne savions pas trop à quoi nous attendre aux réunions du Comité Exécutif de la CMM dans notre nouveau rôle au Comité Jeunes Anabaptistes (YABs). Heureusement, nous avons l’aide précieuse d’une membre du précédent Comité YABs, Tigist Tesfaye Gelagle, qui nous sert de guide et de mentor durant ce parcours.

    Nos premières réunions en Indonésie peuvent se résumer en deux mots : information et planification.

    Pendant les deux premières journées, nous avons beaucoup appris sur l’histoire et la vision de la Conférence Mennonite Mondiale et la place qu’occupe YABs. Nous avons apprécié les leçons d’histoire et apprendre comment notre identité comme anabaptistes est façonnée par le passé. Nous avons pris connaissance du récent développement du Comité YABs et comment il a évolué depuis ses commencements en tant que comité organisateur du Sommet Mondial de la Jeunesse en 2001.

    Non seulement nous en avons appris sur la CMM et YABs, nous avons aussi appris à nous connaître les uns les autres et à travailler ensemble dans un contexte pluriculturel, quelque chose que nous continuerons d’approfondir au cours des cinq prochaines années.

    Une fois quelque peu informés de notre fonction en tant que le bras jeune adulte de la CMM, nous avons commencé à planifier et à esquisser un plan directeur pour les cinq prochaines années. Nous avons modifié légèrement le plan du précédent Comité YABs pour l’adapter à notre vision et à nos objectifs, mais les cinq principaux objectifs du Comité YABs demeurent les mêmes : le réseautage, la communion fraternelle, le renforcement des capacités, la prise de décision et l’identité anabaptiste.

    La première Semaine annuelle de la Fraternité des YABs, qui se tiendra du 19 au 26 juin 2016, est une importante initiative pour cultiver et promouvoir la communion fraternelle parmi les jeunes anabaptistes. Suivant le modèle du Dimanche de la Fraternité Mondiale, l’initiative a pour but d’alimenter le sentiment d’être une koinonia (communion) chez les jeunes anabaptistes dans le monde au moyen de la prière, du récit de nos histoires, des chants et des Écritures. Du matériel est offert en ligne à l’intention des groupes de jeunes et de jeunes adultes qui souhaitent l’utiliser pendant la Semaine de la Fraternité des YABs.* Notre vision pour les jeunes anabaptistes est qu’ils communiquent des requêtes de prières, prient de manière spécifique pour leurs sœurs et leurs frères dans le monde et qu’ils établissent des liens en adorant avec du matériel commun et en utilisant les médias sociaux comme plateforme et moyens de communication.

    Ce qui est emballant avec le fait de faire partie du Comité YABs à ce stade-ci, c’est que nous avons une bonne structure en place et que nous sommes encore dans les années de formation où nous avons l’occasion de modeler le Comité et d’agrandir la sphère d’influence des jeunes adultes dans la communauté anabaptiste mondiale.

    Suivez-nous sur Facebook et Instagram (@younganabaptists) alors que nous travaillons à renforcer le réseau des jeunes anabaptistes autour du monde.

    Larissa Swartz, représentante nord-américaine des YABs

    *Pour plus d’information au sujet de la Semaine de la Fraternité des YABs, de la manière de participer ou pour toute autre question sur notre travail, cliquez ici ou écrivez-nous à yabs@mwc-cmm.org.

     

  • Tant que la CMM a le vent en poupe. . .

    Phyllis Pellman Good

    Larry Miller se souvient bien d’un moment où, à 38 ans, il a réfléchi à prendre ou non la tête de la Conférence Mennonite Mondiale. C’était en 1988, et il se trouvait dans une bibliothèque universitaire de Strasbourg (France), où il vivait.

    “J’étais assis, travaillant à ma thèse, lorsque j’ai levé les yeux et remarqué sur une étagère un livre écrit par un de mes professeurs. Je l’ai pris. Il était poussiéreux, et personne ne l’avait jamais emprunté. J’ai soudain réalisé que j’étais sur le point d’écrire un livre qui aurait le même sort !”

    Larry finissait de rédiger sa thèse de doctorat sur le Nouveau Testament, et sa candidature pour un poste d’enseigne- ment de niveau universitaire était à l’étude à la Faculté Protestante de Strasbourg. Mais un événement inatten- du s’était produit : les églises mennonites européennes l’avaient nominé pour être secrétaire exécutif de la CMM.

    Larry et son épouse, Eleanor, avaient travaillé avec des étudiants étrangers à Paris (pour les mennonites européens et pour le Mennonite Board of Missions d’Amérique du Nord) ainsi que dans les domaines de la paix et des relations inter- églises (pour le Mennonite Central Committee). “Je travaillais au niveau international et œcuménique, et mon intérêt et mon expérience dans ces domaines grandissaient. Mais est-ce que ce poste à la CMM (qui, pour la plupart des gens était ces rassemblements specta- culaires tous les six ans) correspondait à mes dons et à ma personnalité ?!

    “Mon intérêt croissant pour la CMM a surpris ceux qui me connaissaient, don’t Eleanor ! J’ai senti, cependant, que c’était peut-être un appel à recevoir la vie par l’intermédiaire de l’église mondiale.”

    Larry est devenu secrétaire exécutif lors de la clôture du 12e Rassemblement en juillet 1990, à Winnipeg (Canada). Le décor, la musique et la cérémonie étaient assez spectaculaires, mais quand la ren- contre (qui avait duré une semaine) s’acheva, Larry et la CMM se trouvèrent face à un déficit alarmant.

    Malgré ce fardeau financier, Larry ne s’est pas senti accablé. “Bien que la CMM ait dû faire face à cette réalité, et nous avons pu [le faire], je n’ai jamais ressenti de pression à ‘réussir’ en en faisant une grande institution. Il s’agissait plutôt d’aider ce petit bateau (la CMM) à gar- der le vent dans les voiles. Le vent souf- flait, il fallait ajuster les voiles.”

    Larry a le sentiment d’avoir été au ser- vice des anabaptistes du monde entier pendant une période de changement fon- damental. “Ma vocation première a été d’amplifier la voix des pays du Sud. Cette voix et ces dons devaient avoir plus d’es- pace et d’opportunités. Je me suis souvent senti comme Jean-Baptiste : quelque chose de plus grand se profilait.”

    Un grand risque

    Le premier Rassemblement de la CMM sous la direction de Larry Miller eut lieu à Calcutta, en janvier 1997, sous des tentes installées sur un campus d’école. C’était un choix audacieux, à l’opposé du précédent rassemblement qui avait eu lieu dans un centre de congrès sophistiqué à Winnipeg.

    “Des catastrophes pouvaient survenir à tout moment”, se rappelle Larry. “Avant mon entrée en fonction, le projet était de tenir le rassemblement dans un quartier diplomatique et aristocratique de New Delhi. Cela ne me semblait pas juste.

    “Il n’y avait pas d’exemple de tenue d’un Rassemblement mondial à Calcutta. C’était contre-culturel. Aucune autre communion mondiale n’avait organisé sa rencontre mondiale à Calcutta. Nous avons donc dû tout imaginer.

    “Des gens viendront-ils ? Un événe- ment aussi complexe a-t-il des chances de réussir à Calcutta ? Les finances vont-elles suivre ? Les participants ne seront-ils pas dépassés par la ville elle-même ?”

    Les églises indiennes membres de la CMM et le personnel de la CMM ont travaillé avec efficacité, et une persévé- rance extraordinaire, pour accueillir quelques 4 500 mennonites et Frères en Christ.

    Cette décision audacieuse contrastant avec les rassemblements précédents a ouvert la voie à de nouvelles idées pour le programme. Il y eut pour la première fois un ‘Village de l’Église Mondiale’, un lieu où les délégués pouvaient découvrir la vie des églises de chaque continent grâce à des expositions culturelles et de produits alimentaires. Les délégués ont aussi eu l’occasion de visiter les églises de la région lors de ‘l’Assemblée dispersée’. En fait, ces innovations ont été si appréciées qu’elles ont fait partie des rassemble- ments suivants.

    “Ce qui me surprend”, dit Larry, “c’est que rien n’a tourné au désastre. Et comme c’était une expérience positive, elle a permis à la CMM de se réorienter. C’était un tournant, un moment vrai- ment décisif ”.

    Le deuxième Rassemblement organisé par Larry et son équipe s’est tenu à Bulawayo (Zimbabwe). Malgré les dra- matiques incertitudes politiques, écono- miques et alimentaires, l’hospitalité des Frères en Christ a été extraordinaire.

    “Comme Calcutta, le Zimbabwe a soulevé beaucoup de questions. Était-ce courageux ou stupide de faire venir des milliers de personnes là-bas ? Mais nous avions survécu à Calcutta, même un échec modeste au Zimbabwe n’aurait pas anéanti la CMM.”

    “L’église est à la fois locale et mondiale”

    Peut-être que l’un des plus beaux dons de Larry aux mennonites et Frères en Christ du monde entier a été sa convic- tion, et les actes qui s’en sont suivis, que l’Église n’est jamais seulement une assemblée locale, une dénomination, ou même un corps mondial.

    “L’église est à la fois locale et ‘mon- diale’. Elle l’a toujours été et le sera tou- jours. La tâche fondamentale de la CMM, toutes ces années, a été de retrou- ver cette perspective néo-testamentaire de l’Église. La CMM doit continuer à rendre l’église mondiale réelle, qu’elle puisse être vue, sentie, touchée et expérimentée.”

    Progressivement, Larry a travaillé à rendre cette réalité quotidienne visible. Il a participé à la conception puis à la créa- tion du Fonds de Partage de l’Église Mondiale, qui permet aux Églises membres de la CMM dans le Sud de demander et de recevoir des fonds pour leur ministère, selon la redistribution du Jubilé. Il a accompagné la rédaction de la déclaration des ‘convictions communes’, cours paragraphes présentant les convic- tions fondamentales des églises anabap- tistes. Il a supervisé la création de quatre commissions au sein de la CMM, chacune composée de membres des cinq continents, pour développer une plus grande fidélité et un soutien mutuel des

    Églises membres de la CMM. (Diacres, Foi et Vie, Mission et Paix.)

    “En même temps”, déclare-t-il catégori- quement, “l’église mondiale sans l’église locale n’est pas non plus pleinement l’Église. L’une sans l’autre est une hérésie.”

    Larry aborde un autre thème qui a caractérisé son leadership de la CMM. “Bien que nous commencions à com- prendre ce qu’il y a de merveilleux d’ap- partenir à cette famille spirituelle mon- diale particulière, nous n’en sommes nous-mêmes qu’un fragment. Notre interdépendance croissante avec d’autres communions chrétiennes mondiales se dessine. Nous devons voir les autres églises chrétiennes mondiales comme fai- sant partie de l’Église universelle à laquelle nous appartenons aussi. Nous devons vivre dans cette Église entière, ou nous ne vivrons pas.

    “Les dons de notre communauté ana- baptiste sont reconnus par d’autres com- munions mondiales, mais ses limites aussi. Cela est vrai de ces autres Églises. Ensemble, nous voulons reconnaître notre besoin les unes des autres”, dit Larry.

    Les luttes et les dons

    Quelles difficultés a rencontré Larry en tant que secrétaire général de la CMM ?

    “J’ai vécu une succession d’adieux”, dit-il. “Et bien que j’ai tant de contacts, ils sont presque tous éloignés.” Dans le bureau de la CMM à Strasbourg, où Larry est basé, il n’y a, en moyenne, que

    quatre membres de personnel adminis- tratif. Tous les autres membres du per- sonnel et la direction exécutive sont dis- persés dans le monde.

    “Le travail est parfois lourd et solitaire”, dit-il. “Mais il est toujours tonique ! Cela a été un lieu de vie pour moi, un don de vie.”

    Quelles sont les craintes de Larry pour la CMM, dont il reconnaît qu’elle est une communion de foi connaissant l’in- certitude, la lourdeur et la fragilité ?

    “Nous sommes dans un moment de transition historique”, affirme Larry. “Les églises du Nord connaissent un déclin. Mais quand on appartient à un corps spi- rituel mondial, il y a toujours une partie qui connaît une nouvelle vie et qui a une vision qui peut tirer le reste vers l’avant. Le centre de gravité de l’Église mondiale

    s’est déplacé vers le Sud. Nous devons continuer à ajuster nos voiles pour que ce nouveau souffle de l’Esprit nous pousse.

    “C’est avec gratitude et beaucoup de joie que j’imagine César García (le nou- veau secrétaire général de la CMM) et son équipe poursuivre la vision dans l’avenir. Je me réjouis de voir comment ils l’incarneront. Mon expérience de tra- vail avec César a été parmi mes plus grandes joies, une de mes meilleures expériences avec la CMM. Lui et son équipe vivront leurs expériences à partir de leurs propres contextes, et iront de l’avant avec l’aide de l’Esprit. C’est à eux d’imaginer l’avenir.”

    Le 1er août 2011, les cadres de la CMM, ainsi que des membres du per- sonnel et des représentants des quatre églises membres de la CMM d’Amérique u Nord, se sont réunis autour d’une grande table à Grantham, en Pennsylvanie. Cette rencontre a donné le coup d’envoi de l’organisation du pro- chain Rassemblement qui se tiendra en 2015 à Harrisburg, en Pennsylvanie.

    Danisa Ndlovu, président de la CMM, a ouvert la séance avec une méditation, reconnaissant deux raisons d’être inquiet : le début des préparatifs pour le prochain Rassemblement, et la première journée officielle de César García en tant que futur secrétaire général.

    Quand ce fut au tour de Larry, il dit : “Je peux attester, après 22 ans avec la CMM, que ce n’est pas un lieu d’anxiété, mais un lieu de vie !” Il s’est exprimé avec conviction. Phyllis Pellman Good, Lancaster (États- Unis), est consultante en communication à la CMM.

    Bénédictiones pour la route, Larry!

    Je me souviens des jours difficiles, au début de 1996, quand tu n’avais pas encore ton visa pour l’Inde. C’est ton attitude et ta foi, ton esprit et ta vision, qui ont permis de continuer le travail. Margaret Devadason, coordinatrice du Rassemblement de 1997.

    Après le décès de Marlin [Miller], Larry a voulu que je devienne son ‘grand frère’. Merci d’avoir participé au travail admi- nistratif de la CMM de manière qu’elle s’est développée dans le monde entier. Que Dieu te bénisse. Mesach Krisetya, président de la CMM, 1997- 2003.

    Lorsque je manquais de patience avec des personnes ou des groupes de la famille de la CMM, Larry m’a toujours rappelé que quoi qu’il en soit, il est préférable pour ceux-ci de faire partie de la CMM.? Paulus Widjaja, secrétaire de la Commission Paix.

    Une réalisation notable au cours du lea- dership de Larry a été la création d’un espace pour les jeunes et de leur avoir donné les moyens de participer à la direction et à la prise de décision dans l’église. Elina Ciptadi-Perkins, présidente du premier Comité des Jeunes de la CMM, 2004-2009.

    Une des plus grandes réalisations de Larry a été de déplacer les Rassemblements vers le Sud, de sorte que les églises qui accueillaient ont pu être pleinement parti- cipantes. Larry, que l’étincelle que tu as apportée à l’église mondiale se propage au¬†flambeau de César. Ray Brubacher, organisateur des Rassemblements au Zimbabwe (2003) et au Paraguay (2009).

    ‘Garde la foi’ sont les paroles que Larry m’a souvent répétées ces derniers mois. Tu nous as appris à bien finir la course. César García nouveau secrétaire général de la CMM.

    Larry m’a proposé de m’accompagner pour rendre visite à mon père à l’hôpital. Sa présence pastorale a été une bénédic- tion pour mon père et m’a aidée à sur- monter mon sentiment de fragmentation. Nancy R. Heisey, présidente de la CMM- 2003- 2009.

    Larry est un excellent visionnaire, un administrateur stimulant, il accorde de l’importance à l’amitié et est disciple de Jésus-Christ. J. Lorne Peachey, rédacteur de Courier- Correo-Courrier, 2002‚Äì2010.

    Grâce à Larry, il ne reste sans doute aucune communauté anabaptiste qui n’ait été invitée à explorer la possibilité de se joindre à la CMM en tant que partenaire. Milka Rindzinski, rédacteur de la CMM et traductrice 1992 – 2008.

    Une des choses que j’admire chez Larry est son discernement dans ses contacts avec les églises mennonites du monde entier. Raul García, président de la CMM, 1990- 1997.

    Lorsque Larry a été nommé, il a dû faire face à un déficit très important… Exactement un an plus tard, j’ai re√ßu un appel de Larry me disant que le déficit avait été comblé. Nous étions tous deux très heureux. Reg Toews, trésorier de la CMM, 1990 – 1996.

    Je me souviens du culte de réconcilia- tion avec l’église réformée de Zurich en 2004, quand, du haut de la chaire de Zwingli, Larry a prêché que nous sommes tous membres d’un seul corps, malgré l’histoire. Markus Rediger, membre du Comité Exécutif.

    Larry, tu es la personne la plus diligente et dévouée de la CMM. Tu travailles dur et rapidement. Aucun détail ne t’échappe. Bedru Hussein, vice président de la CMM, 1997 – 2000.

    Larry, ton autorité tranquille a été une bénédiction pour la famille anabaptiste mondiale. Tu continueras, selon la pro- messe de Dieu, à bénir les autres. Willard E. Roth, rédacteur de la CMM 1990-1997.

    Que Dieu t’accompagne dans ta passion pour la foi anabaptiste et l’église mon- diale dans les milieux œcuméniques mondiaux. Ferne Burkhardt, rédactrice des communi- qués de presse, 2001-2010.

    Larry et Eleanor apprécient les relations internationales entre églises, et accom- plissent sans bruit des tâches ignorées du plus grand nombre. Ernst Bergen, trésorier de la CMM.

    Larry a été un bon collègue et une source d’inspiration parmi les secrétaires généraux des communions chrétiennes mondiales. Rev. Dr. Setri Nyomi, secrétaire général de la Communion mondiale des Églises réformées.

    Pour les luthériens, la réconciliation avec les mennonites était un moment très émouvant de notre Assemblée internatio- nale de 2010. Mon interprétation préférée [sur son sens] a été l’article de Larry dans Courrier ‘Que s’est-il passé dans les cieux le 22 juillet ?’ Caractéristique de Larry, la profondeur théologique s’allie à une vision généreuse. Kathryn L. Johnson, secrétaire générale adjointe pour les Affaires œcuméniques, Fédération luthérienne mondiale.

    Larry, cela a été un privilège de travailler avec toi lors du dialogue mennonite- catholique. J’ai apprécié ton engagement œcuménique profond et ton amitié. Mgr. John A. Radano, ancien membre du Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens.

    Méditant sur l’origine des mennonites en Europe et celle des églises africaines indé- pendantes (AIC), nous avons réalisé que ces deux familles avaient beaucoup en commun. Nicta Lubaale, secrétaire général, Organi- sation des Églises d’Institution africaines.

    Je suis reconnaissante de la présence de Larry, amicale, directe et utile, [lors des réunions de la Conférence des secrétaires des Communions chrétiennes mon- diales]. Représentant tous deux les églises historiquement pacifistes, nous avons beaucoup de valeurs et de perspectives en commun. Nancy Irving, General Secretary, Friends World Committee for Consultation.

    La gentillesse de Larry avec les autres a conduit à des relations qui font honneur au Christ et à l’évangile.? Dr. Geoff Tunnicliffe, secrétaire général de l’Alliance évangélique mondiale.

  • Sindy Novoa Caro vit à Bogota (Colombie), où elle est membre de l’église Casa de Oración, une assemblée des Frères Mennonites. En 2010-2011, Sindy est allée avec YAMEN à Tegucigalpa (Honduras), en tant qu’assistante de l’instituteur d’une école pour les enfants vivant à proximité d’une décharge d’ordures. Depuis son retour en Colombie, Sindy a aidé à coordonner un réseau local de soutien aux anciens, actuels et nouveaux participants à YAMEN et à ceux qui ont fait partie du International Volunteer Exchange Program (MCC). Sindy travaille pour Corporación Belcorp en tant que responsable de secteur des vendeuses sur catalogue. Elle a témoigné de son expérience à Jana Meyer, du MCC Colombie.

    En quoi ton expérience avec YAMEN a t-elle changé ton regard sur le monde et sur l’église ?

    Connaître des gens qui vivent de ce qu’ils trouvent dans la rue, et pourtant continuent à sourire à la vie m’a fait prendre conscience de mes privilèges : de l’eau à volonté, trois repas par jour, l’affection d’un père et d’une mère, du temps en famille pendant le week-end et un abri pour la nuit. J’ai appris à reconnaître la valeur de l’étreinte de quelqu’un qui n’a pas pu prendre de bain, et qui a besoin que vous lui disiez qu’un être suprême l’aime et veut prendre soin de lui. De retour en Colombie, j’ai travaillé d’une manière différente avec ceux qui m’entourent. Avant, je ne me souciais sans doute que de la situation économique de quelqu’un. Je travaille avec beaucoup de gens, et maintenant, je m’intéresse davantage à eux en tant que personnes.

    En quoi ta vie aurait été différente si tu n’avais pas fait YAMEN ?

    Je vivrais avec la même indifférence que la plupart des gens. Beaucoup pensent que le monde leur doit quelque chose et devrait être reconnaissant pour leur existence, que les bénédictions quotidiennes sont le résultat de leurs efforts, non pas de la miséricorde de Dieu.

    Comment ta relation avec Dieu a t-elle évolué ?

    Bien que j’étais loin de chez moi et que je ne connaissais personne, je ne me suis jamais sentie seule. J’ai toujours senti que Dieu me soutenait et me guidait. Chaque jour était une occasion d’apprendre de Dieu et de comprendre ce qu’il voulait de moi pendant cette année.

    Comment ta vision pour l’église de Colombie a t-elle évolué ?

    J’ai appris qu’apporter l’Évangile doit se faire de manière holistique. Il est impossible que des gens qui n’ont pas mangé depuis des jours, qui n’ont reçu aucune instruction, ou qui se sentent rejetés par la société, sachent que Dieu les aime et les cherche. Comment oser parler avec eux 15 minutes, et puis m’en aller ? Dieu veut que nous venions comme Jésus : en renonçant à nos bénédictions pour les offrir au monde, en montrant par l’exemple et en répondant aux besoins physiques, émotionnels et spirituels.

    Quelle est ta vision pour YAMEN ?

    J’aimerais que des jeunes Colombiens fassent ce programme, soient motivés pour faire quelque chose pour leurs frères et sœurs sans craindre de faire des sacrifices, se laissant conduire par Dieu. Je voudrais que nous construisions des relations avec nos frères et sœurs latino-américains et avec ceux des pays où nous ne choisirions jamais d’aller.

     

    Participants 2012-2013 à YAMEN

    Patricia Calvimontes Arevalo (Bolivie) est au Guatemala ;
    Vichara Chum (Cambodge) est en Afrique du Sud ;
    Fang Deng (Chine) est en Indonésie ;
    Glenda Aracely (Guatemala) est en Bolivie :
    Humberto Lagos Martinez
    (Honduras) est au Cambodge ;
    MeiLing Dueñas (Honduras) est au Nicaragua ;
    Prashant Nand (Inde) est en Indonésie ;
    Cindy Tristiantari (Indonésie) est en Corée du Sud ;
    Galuh Florentina (Indonésie) est au Cambodge ;
    Heri Purwanto (Indonésie) est en Bolivia;
    Youa Xiong (Laos) est en Bolivie ;
    Maria Aranda (Nicaragua) est au Honduras ;
    Paola Duarte (Paraguay) est au Mexique ;
    Shammah NakawesI (Ouganda) est en Indonésie ;
    Festus Musamba (Zambie) est en Afrique du Sud ;
    Olivia Muzyamba (Zambie) est en Indonésie.


    Le Réseau anabaptiste mondial d’Échange de Jeunes (Young Anabaptist Mennonite Exchange Network, YAMEN) est un programme commun du Mennonite Central Committee (MCC) et de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM). Son objectif est de permettre à des jeunes d’églises du Sud d’apprendre et de servir dans un contexte interculturel.

     

  • Nous estimons que 9 500 assemblées locales dans le monde font partie de la Conférence Mennonite Mondiale. Cela signifie que, potentiellement, 9 500 églises de paix sont actives dans les nombreux endroits où la réconciliation est nécessaire. Le but de la Commission Paix de la CMM est d’encourager, de développer et de fournir des ressources à ces 9 500 artisans de paix.

    Nous nous sommes donc tournés vers les églises membres de la CMM et nous leur avons demandé de répondre à cette question : “Où en est votre église dans son désir d’être une église de paix?”

    Qu’avons-nous appris ?

    C’était encourageant et très émouvant de lire les réponses. Nous y avons lu la vulnérabilité des églises membres de la CMM et avons eu un aperçu de leur vie. Elles nous ont révélé leurs difficultés et leurs efforts pour être ambassadrices de paix dans notre monde brisé. Les personnes qui ont répondu ont :

    1) exprimé un profond désir d’être ‘église de paix’. Cela signifie pour elles d’être des communautés non-violente de disciples de Jésus dans leurs contextes. C’est encourageant car cela ne va pas de soi.

    2) décrit les moyens importants et créatifs mis en oeuvre pour renforcer leur identité d’église de paix.

    3) signalé, pour la plupart, des déclarations ‘officielles’ affirmant qu’elles avaient une vision d’église de paix.

    4) indiqué qu’un écart (plus ou moins grand) séparait les déclarations officielles de l’église de sa vie quotidienne. “Nous ne mettons pas encore en pratique ce que nous prêchons, ainsi que nous le devrions.”

    5) mentionné les terribles difficultés auxquelles elles sont confrontées dans leurs efforts pour être des églises de paix. Ces difficultés varient en fonction du contexte, mais elles sont très grandes.

    6) dit que la compréhension de ce qu’est la paix a évolué de la ‘réaction’ (ne pas nuire à autrui) à l’’action’ (faire du bien aux autres).

    7) dit qu’elles avaient besoin de davantage de ressources pour renforcer leur identité d’église de paix.

    Quelles difficultés ces églises rencontrent-elles ?

    Les réponses les plus émouvantes décrivaient les difficultés contextuelles à être une église de paix. (voir : www. mwc-cmm.org/node/99) Il est évident que s’attendre à ce que 9 500 ambassadeurs de paix soient à l’oeuvre dans chaque contexte est très exigeant. Deux choses sont très claires : la vocation de la paix est extrêmement importante et nécessaire, et réaliser cette vocation est exceptionnellement complexe.

    Je n’ai pas la place d’entrer dans les détails. Voici seulement un aperçu des difficultés auxquelles nous sommes confrontées :

    Canada : L’impact anesthésiant du matérialisme, de l’individualisme, de l’aisance et du confort nous empêche de voir la misère engendrée par la pauvreté, la révolution et la violence.

    Honduras : L’influence persistante du machisme individuel et dans les rapports sociaux éclipse la paix du Christ.

    Taiwan : L’atmosphère de militarisation produite par les milliers de missiles chinois ciblant Taiwan, rend difficile d’aimer nos ennemis comme le Christ nous l’a commandé.

    Indonésie : Il nous est difficile de développer une identité d’église de paix parce que les pasteurs de nos églises étudient dans des séminaires qui n’enseignent pas la paix.

    Colombie : Des décennies de militarisation et de guerre civile ont fait de la paix un idéal inaccessible.

    Espagne : Nous partageons un ‘panier d’amour’ les uns avec les autres, mais nous devons faire beaucoup plus.

    Une question pressante

    Chacune de ces difficultés est immense en elle-même. Quand elles sont toutes présentes, l’énormité de notre vocation est frappante. La paix est plus que nécessaire dans notre monde, mais sa réalisation est complexe. Peut-être que la principale chose à retenir de ses réponses est que nous ne pouvons pas être des églises de paix sans efforts. Si nous voulons l’être, il nous faut y travailler de manière délibérée et avec une stratégie.

    Je me souviens d’une visite où nous avons rencontré les responsables d’une assemblée semi-rurale du centre de l’Inde. Ils nous ont dit que leurs enfants et petitsenfants ne savaient plus ce que cela signifiait qu’être mennonite. Ils en étaient attristés, et nous ont demandé “Qu’est-ce que la CMM va faire à ce sujet ?”

    Cette question de l’Inde est profonde. Elle met en avant la préférence théologique identitaire. Elle révèle que cette identité doit être accompagnée de comportements qui la stimulent et la renforcent délibérément dans les paroisses.

    Comment répond la CMM ?

    Elle répond de plusieurs manières : Tout d’abord, nous continuons à faire connaître nos ‘Convictions Communes’, rédigées par la CMM en 2006. Elles fournissent une base commune pour être une église de paix anabaptiste. Elles doivent être étudiées, répandues et utilisées.

    Deuxièmement, la CMM recommande un certain nombre de livres, de rapports et de documents utiles pour les églises membres qui cherchent à renforcer leur identité anabaptiste-mennonite. Des livres comme ‘What we believe together’ d’Alfred Neufeld, ‘Une Culture de la Paix’ de Paulus Widjaja, Alan et Eleanor Kreider, et ‘Graine d’Anabaptiste’ de C. Arnold Snyder, sont de bonnes ressources sur l’identité anabaptiste à partir de divers angles (historique, théologique, etc.). (voir : www.mwc-cmm.org/node/419) Le rapport final sur le dialogue international luthéromennonite, ‘Guérir les mémoires : se réconcilier en Christ’, et le rapport final sur le dialogue international catholiquemennonite, ‘Appelés ensemble à faire oeuvre de Paix’, sont des documents très utiles qui pourraient être adaptés pour le ministère d’enseignement de l’Église. Les trois articles récemment discutés et approuvés par le Comité Exécutif de la CMM constituent un autre ensemble instructif et utile. (voir : www.mwc-cmm.org/node/225)

    Troisièmement, la Commission Foi et Vie de la CMM proposera des ateliers ‘identité’ aux églises qui le demandent. La Commission espère qu’ils pourront être en face-à-face, dynamiques et stimulants, et que les questions de l’identité anabaptiste seront explorées en collaboration avec les animateurs.

    Quatrièmement, la CMM projette de placer des représentants régionaux sur chaque continent. Ces personnes pourront encourager les églises membres à travailler ensemble sur les questions liées à la paix.

    Cinquièmement, la CMM a pour objectif de concevoir et de diffuser des ressources pour les instituts de formation liés à l’Église. Cette initiative est née de deux consultations de la CMM, animées par des enseignants mennonites lors de Paraguay 2009, et en Suisse en 2012. Ces consultations ont abouti à la conviction que des documents de base destinés aux écoles doivent être créés pour contribuer à une formation identitaire.

    Sixièmement, la Commission Paix a conçu une jolie ‘Affiche de la Paix’ qui nous aidera à nous rappeler la centralité de la paix dans l’évangile du Christ (l’affiche se trouve au centre de ce numéro). Nous espérons que cet outil visuel trouvera une place de choix dans les lieux de culte. En outre, la Commission Paix travaille sur des lignes directrices concernant l’évaluation et la gestion des conflits.

    Enfin, et peut-être surtout, la CMM offre une opportunité en même temps qu’une structure réelle à laquelle les églises membres du monde entier peuvent appartenir. Quelqu’un demandera sûrement : “À quel groupe appartenez-vous ?” “Pourquoi est-ce important d’en faire partie ?” Ces questions sont d’excellentes occasions pour clarifier notre identité et notre vocation en tant qu’église de Paix.

    Robert J. Suderman est secrétaire de la Commission Paix de la CMM.

    Affiche de Paix

    Cliquez ici pour voir cette affiche. Cette affiche, présentée par la Commission Paix et conçue par Glenn Fretz, est destinée à rappeler aux églises membres de la CMM la centralité de la paix dans l’évangile du Christ.

    Qui a répondu au questionnaire sur la paix ?

    Quand la Commission Paix de la CMM a posé la question : “ Où en est votre église dans son désir d’être une église de paix? “, 21 églises membres sur 100, de quatre continents, ont répondu.

    Les participants étaient :

    Asie et Pacifique
    1. Brethren in Christ Church Orissa, Inde
    2. Bihar Mennonite Mandli, Inde
    3. Gilgal Mission Trust, Inde
    4. Fellowship of Mennonite Churches in Taiwan, Taïwan
    5. Persatuan Gereja-Gereja Kristen Muria Indonésie
    6. Gereja Injili di Tanah Jawa (oral), Indonésie
    Amérique du Sud, Amérique Latine et Cara√Øbes
    1. Hermandad en Cristo, Colombie
    2. Convenci√≥n Iglesias Evangélicas Hermanos Menonitas Nivacle, Paraguay
    3. Iglesia Evangélica Menonita du Salvador
    4. Iglesia Evangélica Menonita Hondure√±a, Honduras
    5. Konferenz der Mennonitengemeinden in Uruguay
    6. The Mennonite Church of Trinidad and Tobago
    Europe
    1. British Conference of Mennonites, Royaume-Uni
    2. Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer
    Gemeinden in Deutschland, Allemagne
    3. Asociación de Menonitas y Hermanos en Cristo en España, Espagne
    Amérique du Nord
    1. Evangelical Mennonite Conference, Canada
    2. Mennonite Church Canada
    3. Conservative Mennonite Conference, États-Unis
    4. Mennonite Church États-Unis
    5. U.S. Conference of Mennonite Brethren
    6. Brethren in Christ General Conference, Amérique du Nord
    Afrique
    Malheureusement, il n’y avait pas de réponse
  • “Le vent de l’anabaptisme souffle !” Ces paroles enthousiastes de Felipe Elgueta, membre de l’Église mennonite du Chili, décrivent bien le dynamisme des églises mennonites émergeant dans différentes régions du Chili. Alors que la plupart des églises mennonites d’Amérique latine sont issues de la migration ou de la mission, les églises mennonites chiliennes sont nées grâce à leurs membres, comme les églises pentecôtistes tout au long du XXe siècle. Dans la conclusion de Mission et Migration (Collection Histoire mennonite Mondiale – Amérique latine, 2010), Jaime Prieto écrit : “Le Chili est un exemple de pays où les initiatives anabaptistes se sont développées de façon interne quand les Chiliens ont embrassé la foi et la pratique anabaptistes”.

    Comment l’anabaptisme est-il arrivé au Chili ? C’est en partie grâce au chiliencanadien Jorge Vallejos, un pasteur implanteur d’églises qui, dans les années 1980, a proposé aux amis de son église chilienne d’adopter le nom de ‘mennonite’. Un peu plus tôt, Daniel Delgado, aujourd’hui président de la Iglesia Menonita Evangélica de Chile (IEMCH), avait été touché en entendant l’histoire de Dirk Willems, un martyr anabaptiste néerlandais du XVIe siècle. Il avait aussi été impressionné par le travail holistique des collaborateurs du MCC en Bolivie voisine, qui ne montraient aucune partialité en matière de religion, d’origine ethnique, de classe sociale ou de sexe. Quand ils ont découvert l’ecclésiologie anabaptiste lors d’un cours sur la Réforme radicale de Titus Guenther, Carlos Gallardo et Mónica Parada ont remarqué qu’ils partageaient la même conception de la vie de l’Église.

    Les paroisses mennonites du Chili, dont certaines ont presque 25 ans, sont issues d’horizons très différents. La plupart se sont développées sur un fond pentecôtiste. Une assemblée, Iglesia Menonita Puerta del Rebaño (Église mennonite la Porte de la Bergerie), est née à Concepción dans le cadre universitaire, et a choisi d’être mennonite grâce à l’influence d’enseignants mennonites comme John Driver, César Moya et Delbert Erb. Les responsables de ce groupe sont Carlos Gallardo et Mónica Parada, deux anciens élèves du séminaire. Fait important, ces églises sont nées dans des contextes sociaux différents, ce qui rend leurs relations difficiles. Cependant, de récents développements, y compris la participation à l’organisation du Congrès anabaptiste-mennonite du Cône Méridional 2013, un rassemblement d’anabaptistes de six pays d’Amérique du Sud, a contribué à réduire la ‘distance’ entre les groupes.

    Ces églises exercent toutes leur ministère dans des situations de pauvreté chronique. Leur approche communautaire est axée sur la famille, les femmes et les jeunes. Les femmes en portent l’essentiel de la responsabilité, jusqu’à 70 % de la charge de travail, selon un responsable masculin. Elles préparent les repas, rendent visite aux malades, soutiennent les familles dans le besoin et accompagnent les personnes souffrant de dépendance. Par exemple, un jeune abandonné – enfant de parents alcooliques – est arrivé un jour à l’église des Delgado. Gladys (épouse de Daniel) l’a invité chez eux. Quatre ans plus tard, il vit toujours avec eux, et participe activement à la vie et au ministère de l’église.

    Ces églises ont démontré leur compassion à la suite du séisme de 2010 au Chili. Malgré leurs moyens limités, ces croyants ont chargé trois vans de ravitaillement et l’ont livré aux personnes les plus éprouvées, mennonites, mais aussi membres d’autres églises évangéliques. La Puerta a apporté des secours similaires aux communautés des environs de Concepción.

    Cette petite anecdote de Daniel Delgado est révélatrice. Interrogé par un officier de police : “Qu’est-ce que fait l’église mennonite, en fin de compte ?”, Daniel a répondu : “Nous faisons votre travail, mais nous le faisons gratuitement”.

    Outre leur travail social, les mennonites du Chili ont une conscience aiguë de la nécessité de partager l’évangile avec leurs voisins. Samuel Tripainao, pasteur de l’église Peñaflor et secrétaire de IEMCH, exprime ainsi le sentiment partagé par la plupart des mennonites dans ce pays : “Quand nous sortons dans la rue, notre témoignage est accompagné d’un sandwich et d’une tasse de café”. Et ils ne se limitent pas à leur communauté proche. De temps en temps, les pasteurs vont plus loin, comme en Argentine voisine, pour soutenir les assemblées soeurs et participer à l’évangélisation locale. Quand Samuel a entendu parler du conflit sur la propriété foncière dans une région où vivent de nombreux Mapuche (aborigènes), il a déclaré “Ce serait un bon endroit pour commencer une église afin d’apporter la paix et la guérison à cette communauté”.

    Un rapport sur les mennonites chiliens serait incomplet sans référence au renouveau anabaptiste qui se produit au sein de l’Union des Églises Évangéliques Baptistes du Chili (UBACH). Omar Cortés (qui travaille avec Mennonite Church Canada Witness et Mennonite Mission Network U.S. et est professeur dans un séminaire baptiste) a joué un rôle central dans ce mouvement. Grâce à son enseignement sur la Réforme radicale, Omar a aidé l’église baptiste à redécouvrir ses racines d’église de paix. En 2008, UBACH et Mennonite Church Canada ont commencé à développer une relation d’églises soeurs. Il reste à voir si cette tendance se poursuivra avec les nouveaux responsables d’UBACH.

    En visitant une nouvelle communauté, qui a commencé avec deux professeurs de séminaire baptiste, nous avons découvert une grande vitalité dans ce mouvement de renouveau. Ces chrétiens sont extrêmement intéressés par l’ecclésiologie et la pratique anabaptistes, et incluent les thèmes de la paix, de la justice et de la compassion dans leurs chants et leur liturgie.

    Il faut encore mentionner deux autres initiatives dans le sud du Chili. Une église a été implantée à Valdivia par trois femmes : Wanda Sieber, Marlene Dorigoni et Waleska Villa, de l’Église mennonite d’Argentine (Patagonie), l’autre, également dans cette région, sous la conduite de Mike et Nancy Hostetter, d’Eastern Mennonite Mission.

    Jusqu’à peu, les mennonites du Chili se sentaient isolés des autres anabaptistes, mais c’est en train de changer grâce aux visites de responsables de missions mennonites et d’enseignants d’Amérique du Nord et des pays voisins. La participation des membres au Congrès du Cône Méridional et au Rassemblement de 2009 de la CMM a aussi contribué à vaincre ce sentiment d’isolement. En raison de ces liens, l’Église Évangélique Mennonite du Chili est récemment devenue le 100e église membre de la CMM.

    Une autre étape importante dans la vie des églises mennonites chiliennes a été franchie cette année quand elles ont accueilli pour la première fois le Congrès du Cône Méridional. Cette rencontre a réuni des hommes, des femmes et des jeunes pour accomplir les tâches quotidiennes de cuisine, de service et de nettoyage, ainsi que pour organiser et présider les programmes.

    Les multiples facettes du ministère des mennonites chiliens entraînent un certain nombre de difficultés. Tout d’abord, ils ont besoin de plus de personnes (des jeunes surtout) prêtes à exercer des responsabilités. La plupart des responsables sont des aînés, et une nouvelle génération devra reprendre le flambeau. Cependant, aujourd’hui la formation des plus jeunes à un service futur se limite au travail auprès des enfants et des jeunes.

    En outre, les responsables actuels ont peu de formation biblique et théologique. Ce qui est plus grave, c’est que la nouvelle génération n’a pratiquement pas la possibilité de recevoir une meilleure formation. La Puerta (Concepción) fait exception avec un étudiant inscrit à un séminaire de théologie.

    Une troisième difficulté est de conserver les membres individuels et les paroisses. À l’heure actuelle, il y a presque autant de membres qui partent que de membres qui arrivent.

    Enfin, l’égalité des sexes continue à être un défi pour beaucoup de ces assemblées, en particulier dans le domaine du leadership pastoral.

    La participation à l’Église formée par la famille mennonite plus large contribue à rompre leur isolement. Cela devrait se traduire par une plus grande ouverture aux autres dénominations.

    Néanmoins, le vent de l’anabaptisme continue à souffler dans les églises mennonites du Chili, qui sont encouragées par l’appui des mennonites du monde entier. Les églises chiliennes ouvrent les yeux d’autres mennonites sur ce que signifie être anabaptiste. Ces rencontres sont une occasion formidable de partager des dons complémentaires. Les églises plus anciennes, mieux fondées bibliquement et théologiquement, peuvent partager leur sagesse et leur expérience, tandis que les jeunes églises chiliennes offrent le bénéfice de perspectives nouvelles découlant de la lecture de la Bible avec des yeux neufs.

    -Titus Guenther, professeur associé de théologie et de mission à la Canadian Mennonite University (Winnipeg), et Karen Loewen Guenther, enseignante à la retraite et auteur, sont actuellement au Chili avec Mennonite Church Canada Witness.

  • En 2012, la CMM s’est associée à l’Institute for the Study of Global Anabaptism, de Goshen College (États-Unis) pour lancer un projet de recherche à long terme comprenant plusieurs parties. L’objectif ? Dresser un tableau plus nuancé des membres de la CMM en particulier, et de l’Église anabaptiste mondiale en général.

    Le projet comporte deux volets. Le premier, ‘Profil Anabaptiste Mondial’ (GAP), est une enquête articulée autour des ‘Convictions Communes’ de la CMM, qui vise à recueillir des données démographiques ainsi que des informations sur les co+H98nvictions et les pratiques. Le deuxième volet, ‘Témoignages du Monde’ (BWS), cherchera à recueillir des histoires personnelles de discipulat et de souffrance, dans l’esprit du Martyr’s Mirror (Miroir des Martyrs).

    Courier/Correo/Courrier a contacté les personnes travaillant sur ce projet pour savoir comment il est né et où il en est.

    Quelle est l’origine de cette initiative de recherche sur l’anabaptisme mondiale ?

    John D. Roth (JR) : L’église anabaptiste mondiale a subi une transformation radicale au cours des 30 dernières années, passant d’environ 600 000 membres en 1980 à plus que 1,7 millions aujourd’hui. Bien que la CMM ait beaucoup travaillé pour faciliter les échanges entre ses groupes membres, nous en sommes encore à apprendre à mieux nous connaître. Le projet est une étape pour avoir une idée plus juste des données démographiques, tout en recueillant des informations beaucoup plus détaillées sur les convictions, les pratiques, les espoirs et les rêves des églises membres de la CMM.

    Y a-t-il déjà eu des études sur les convictions et les pratiques de la communauté internationale anabaptistemennonite ?

    Conrad Kanagy (CK) : Pas beaucoup. Il y a quelques années, Richard Showalter (alors président de l’Eastern Mennonite Missions – EMM – et président de la Commission Missions de la CMM) et moi avons inauguré le Multi-Nation Anabaptist Profile (MNA). Notre objectif était de mieux connaître les convictions et les pratiques de la communauté anabaptiste internationale, et en particulier des églises liées à l’EMM. Les résultats de cette étude ont été récemment publiés dans le livre Winds of the Spirit (Vents de l’Esprit), Herald Press, 2012.

    Alfred Neufeld (AN) : Winds of the Spirit démontre très bien comment une étude de profil peut stimuler le travail théologique et contribuer au renouvellement identitaire. Nous nous attendons à ce que le GAP soit utile également au travail de notre commission.

    CK : Le GAP aura une portée plus large que le MNA, et nous espérons qu’il fournira davantage d’informations.

    Comment envisagez-vous de recueillir des récits pour le projet ‘Témoignages du Monde’ ?

    JR : Un des aspects du projet portera sur la collecte de témoignages des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, c’est à dire de la fin du Martyr’s Mirror (1685) à nos jours. Mais nous voulons aussi recueillir des témoignages de l’église contemporaine, et en particulier des églises anabaptistes-mennonites du Sud.

    En août 2012, une quarantaine de personnes de neuf pays (représentant au moins six différents groupes anabaptistes) se sont réunis à Goshen College pour définir un cadre du BWS. Il en est clairement ressorti que la collecte de témoignages n’est jamais un processus simple. Nous espérons que des sollicitations personnelles et générales, l’utilisation d’internet et des réseaux existants (comme la CMM) va lentement susciter de l’intérêt.

    Quels progrès ont été réalisés à ce jour ?

    JR : Après presque une année de conversations avec les responsables de la CMM et des organisations missionnaires, des représentants du Comité Central Mennonite et d’un grand nombre de personnes intéressées, l’ISGA reçu l’approbation préliminaire pour le projet du Comité Exécutif de la CMM lors de sa réunion en mai 2011, approbation qui a été confirmée par le Conseil Général en mai 2012.

    En août 2012, un sous-groupe de la Commission Foi et Vie de la CMM s’est réuni pour examiner la logistique du GAP. Conrad a aussi organisé une consultation avec plusieurs sociologues mennonites, ayant une vaste expérience des enquêtes transculturelles, pour qu’ils nous conseillent sur la méthodologie. Fin octobre, nous avons finalisé notre modèle, et en novembre, le bureau de la CMM à Bogotá a envoyé des lettres officielles à un échantillon représentatif de 25 églises membres, les invitant à participer. Ê l’heure actuelle, nous répondons aux questions et définissons les groupes qui prendront part au projet. Nous espérons terminer l’enquête en 2013-2014.

    De nos jours, il est courant que des chercheurs nord-américains aillent dans le Sud pour mener ce genre d’études. Je suis sûr que vous êtes sensible à cette question. Quelles mesures avez-vous prises pour y remédier ?

    JR : Oui, certains pourraient avoir l’impression qu’il s’agit d’un projet universitaire purement nord-américain, consistant à ‘extraire’ des informations de l’Église mondiale. Ce n’est pas vrai, mais je comprends. De toute évidence, l’ISGA – qui se trouve aux États-Unis – est un catalyseur, et la totalité du financement provient d’Amérique du Nord. Mais pour nous, c’est un projet commun de toutes les églises membres de la famille de la CMM. L’enquête elle-même est fondée sur les ‘Convictions Communes’, fruit d’un long processus de discernement auquel ont participé des groupes du monde entier. Chaque groupe participant pourra ajouter au GAP des questions qui lui sont spécifiques. Et les résultats de l’enquête de chaque groupe seront disponibles sous une forme accessible aux responsables de chaque église.

    La collecte d’informations n’est pas une fin en soi ; il s’agit d’aider les églises, localement et au niveau mondial, à être des disciples plus fidèles de Jésus.

    Comment pensez-vous que les données recueillies aideront la CMM à connecter la communauté anabaptiste mondiale ?

    AN : Au XVIe siècle, il y a eu une ‘multigenèse’ d’origines anabaptistes : le groupe néerlandais-allemand du Nord, dirigé par Menno Simons, était tout à fait différent culturellement, historiquement, spirituellement et politiquement du groupe suisse-allemand du Sud qui a commencé en 1525 à Zurich. Et ces deux groupes étaient considérablement différents du mouvement dirigé par Hans Hut et Thomas Münzer, et plus tard du ‘Royaume des Cieux’ dans la ville de Münster.

    Aujourd’hui, les nouvelles églises anabaptistes, se développant par exemple dans le contexte islamique en Indonésie ou au Nigeria, ou de la société catholique espagnole résultant de la Conquista en Amérique latine, ou du mouvement de ‘l’église clandestine‘ en Chine, ont des vies spirituelles et des luttes quotidiennes bien différentes des membres d’églises mennonites d’Amsterdam (Pays-Bas) ou de Berne (Suisse), de Lancaster (États-Unis) ou de Winnipeg (Canada). Mais nous avons besoin les uns les autres et nous avons besoin de nous comprendre.

    CK : Dans le livre de l’Apocalypse, Jésus- Christ a un message pour les sept églises d’Asie. Je me plais à imaginer que ce travail sera une nouvelle façon d’entendre, partiellement bien sûr, le message du Christ pour nous en ces premières années du XXIe siècle.

    Participants
    John Roth (JR) Directeur de l’Institute for the Study of Global Anabaptism (ISGA) à Goshen College et secrétaire de la Commission Foi et Vie de la CMM.
    Alfred Neufeld (AN) Président de la Commission Foi et Vie de la CMM.
    Conrad Kanagy (CK) Directeur adjoint du projet ‘Profil Anabaptiste Mondial’

  • Explorer nos engagements communs

    Un des engagements de notre communion mondiale d’églises anabaptistes est de se retrouver régulièrement pour le culte. Cependant, de par notre immense diversité, cet engagement se manifeste de manières très différentes. Dans le numéro d’octobre 2013, des responsables de notre communion décrivent différentes formes de culte anabaptistes : aspects visuel et sonore, difficultés et bénédictions.

    Résister au culte du ‘Royaume magique’ nord-américain

    Dans son livre inachevé Believing Is Only the Beginning (Thomas Nelson Publishers, 2013), Rich Stearns pose la question : “Ê quoi ressemblerions-nous si nous étions nés et avions grandi dans le parc du Royaume magique et que nous n’ayons jamais vu le monde extérieur ? ». Par ‘Royaume magique’, Rich Stearns se réfère au parc d’attractions Disneyland des États-Unis, construit par la Walt Disney Corporation – un lieu associé, pour beaucoup, à des personnages imaginaires, à un monde de féérie et de fantaisie.

    Nous pourrions décrire ainsi une grande partie de l’église de l’hémisphère nord. Beaucoup d’entre nous vivent dans une sorte de pays imaginaire, très loin (et peu conscients) des combats quotidiens de ceux qui vivent dans ce que Rich Stearns appelle le ‘Royaume tragique’ : le Sud (le reste du monde).

    Malgré la disparité de nos situations, le royaume de Dieu est le dénominateur commun des royaumes magique et tragique. En tant que disciples du Christ, peu importe où nous nous trouvons géographiquement, politiquement, culturellement ou économiquement, notre loyauté va au Royaume de Dieu. Nous chrétiens partageons les mêmes objectifs. Nous voulons parler d’espérance et de grâce à ceux qui nous entourent. Nous voulons construire des passerelles pour montrer que Jésus transcende les cultures et qu’il est pertinent. Dans son Royaume, la louange reflète notre conception de Dieu. Dans le royaume du monde, les actions des êtres humains suscitent une réponse de leurs dieux. Dans le Royaume céleste, les actions de Dieu suscitent la louange et l’émerveillement pour sa création.

    Nous croyants, de toutes origines, partageons une même citoyenneté, celle du Royaume de Dieu. Par conséquent, nous devrions être unis, au niveau local, national et mondial.

    C’est la vision de l’Apôtre Paul dans Éphésiens 4/4-6. Ces trois versets contiennent sept fois le mot seul – l’unité ‘verticale’ et ‘horizontale’ des chrétiens. Il n’y a qu’un seul corps, une seule espérance, une seule foi et un seul baptême (unité horizontale) parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu : Père, Fils et Esprit, auquel nous appartenons tous (unité verticale).

    Mais comment cela se traduit-il dans la louange, surtout dans notre communauté mondiale d’églises ?

    L’unité des chrétiens traverse le temps, l’espace et les cultures. Bien que nos lieux de vie, notre style de culte et nos conceptions de l’autorité soient différents, nous devrions discerner une unité dans la diversité des expressions théologiques. Le fait de se rassembler, par exemple, est une expression commune de notre unité, quelles que soient les différences culturelles.

    L’unité des chrétiens s’exprime aussi dans la manière dont nous vivons notre citoyenneté dans le Royaume de Dieu : la contestation de l’oppression et des injustices, et les actions pour transformer les modèles égocentriques et capitalistes en s’occupant des démunis et de notre terre sont aussi une expression de notre louange.

    Malheureusement, aujourd’hui, en Amérique du Nord, nous vivons dans une culture très individualiste. Sans se soucier de leur environnement, jeunes et vieux marchent, conduisent, mangent et même dorment, enfermés dans leur propre conversation et dans diverses formes de divertissement. Notre culture du ‘Royaume magique’ nous conduit même à banaliser le culte. Ainsi que l’affirme Tom Kraeutner dans son article de 1992, ‘adorer/louer est un verbe’, “ Nous voulons tellement faire les choses ‘bien’ pour obtenir une ‘bonne’ réponse de notre entourage, que nous passons à cote de l’essentiel : Adorer/louer Dieu « .

    Utilisons notre théologie anabaptiste pour réfléchir à cette tendance. La louange est notre réponse à la Parole de Dieu et à sa création. Elle touche tous les aspects de la vie, et cette vision du monde influence nos choix en tant que disciples de Jésus. Notre accent sur la communauté et la valeur des dons de chaque personne pour le corps tout entier, est inclusif et participatif.

    Ceux d’entre nous qui vivent dans le ‘Royaume magique’ doivent reconnaître que tout ce qu’ils ont les détourne du culte. Il faut travailler beaucoup plus dur pour accorder paroles et actions. Cela m’a frappé quand j’ai comparé ces deux réflexions entendues après un culte. En Afrique, j’ai entendu : “J’aimerais que nous puissions rester et prier encore une heure. C’est si bon d’être ensemble ». En Amérique du Nord, j’ai entendu : “J’ai bien aimé le culte aujourd’hui, l’animateur du culte était super et la sono excellente. J’aimerais juste qu’ils regardent l’heure. Je suis en retard pour le déjeuner ».

    Je sais que ces commentaires sont des généralisations, et je suis reconnaissant aux nombreux Nord-Américains qui s’efforcent d’aller à contre-courant. Les ressources pour nous aider a réfléchir a qui et comment nous adorons sont abondantes. Voici quelques-unes des questions que je me pose :

    1. La forme et la fonction de notre culte reflètent-t-elles notre théologie ? Par exemple, compte tenu de notre diversité, le style ne devrait pas être un critère d’évaluation important de la forme du culte. Et pourtant, la théologie s’exprime dans le style que nous choisissons.

    2. Avons-nous exprimé toute la gamme des émotions humaines lors des cultes de l’année écoulée ? Devons-nous seulement chanter des cantiques joyeux, ou y a t-il une place pour la réflexion et la peine ? Sommes-nous tellement centrés sur un seul aspect que nous perdons la vision d’en- semble ?

    3. Notre culte exprime-t-il notre vie communautaire plutôt que l’évolution culturelle individualiste ?

    4. Sommes-nous assez créatifs pour encourager une large participation des per- sonnes présentes lorsqu’il y a des activités particulières ? L’inclusivité concerne tout le monde. Quels efforts faisons-nous pour être inclusifs ?

    5. Lorsque nous préparons nos ‘expériences’ de culte, ne nous arrive-t-il pas de trop réfléchir à ce nous allons ‘faire’ et pas assez à la vision de Dieu que nous transmettons ?

    Peut-être que, comme moi, vous avez connu des expériences particulières lors des rassemblements mondiaux de la CMM. Toutes les voix unies, qui s’élèvent et répondent à la grandeur de notre Créateur, Sauveur et Seigneur dans un culte multi-culturel, me donnent une idée du culte décrit dans le livre de l’Apocalypse. J’ai hâte de partager cet aperçu d’éternité avec mes frères et sœurs du monde entier lorsque nous nous retrouverons pour le 16e Rassemblement en 2015.

    Don McNiven (Kitchener, Ontario, Canada) est le directeur exécutif de l’International Brethren In Christ Association (IBICA), membre associe de la CMM. Il est membre du Comité de Supervision du Programme du 16e Rassemblement, et responsable des chants et des cultes.

  • Explorer nos engagements communs

    Un des engagements de notre communion mondiale d’églises anabaptistes est de se retrouver régulièrement pour le culte. Cependant, de par notre immense diversité, cet engagement se manifeste de manières très différentes. Dans le numéro d’octobre 2013, des responsables de notre communion décrivent différentes formes de culte anabaptistes : aspects visuel et sonore, difficultés et bénédictions.

    Le livre ou le mur ?

    Si vous assistez à un culte dominical dans une assemblée mennonite européenne, vous rencontrerez probablement deux styles de louange différents. Dans l’un de ces cultes, l’assemblée chante à partir d’un livre. Ce style affectionne les chants à quatre voix et utilise souvent l’orgue, l’harmonium ou le piano comme instrument d’accompagnement.

    Dans l’autre de ces cultes, l’assemblée s’en remet à un vidéoprojecteur pour afficher les paroles des hymnes sur un mur. Cette louange se veut plus “contemporaine » : ses mélodies et ses rythmes ont des accents pop distinctifs, ils sont généralement accompagnés par des guitares électriques, une basse et une batterie.

    Bien sûr, ces distinctions ne sont pas toujours aussi claires. Par exemple, dans mon assemblée, qui est membre de la conférence française, on utilise de vieux recueils revivalistes aux côtés de chants contemporains évangéliques – quand ils ne sont pas charismatiques – projetés contre le mur. Nous nous sommes séparés de notre harmonium depuis longtemps, et la batterie se porte bien. Certains frères et sœurs – parmi les plus âgés – sont encore capables de chanter à quatre voix, mais cette aptitude tend à disparaître parmi les plus jeunes. Cela ressemble à un processus de transition : combien de temps allons-nous continuer à chanter avec ces livres poussiéreux ? Combien de temps avant qu’un changement technologique efface des pans entiers de notre mémoire, de nos pratiques et de notre spiritualité ?

    La teneur de mon propos peut sembler quelque peu nostalgique, mais je ne crois pas que ce soit le cas. Ce n’est pas non plus de la technophobie : les projecteurs vidéo peuvent être des outils fonctionnels. Cependant, nous devons réfléchir à la façon dont nous les utilisons, car les objets jouent un rôle important dans notre louange. Ils sont des instruments qui façonnent notre spiritualité. Parfois, nous sommes conscients de ce fait. La plupart du temps, nous ne le sommes pas. Et lorsque nous n’en sommes pas conscients, la technologie n’est pas régulée et devient un maître silencieux auquel nous obéissons sans même y prêter garde.

    Il y a un contraste entre les styles de louange en vigueur parmi les mennonites européens, et il se répercute sur nos différentes manières de cultiver une spiritualité. Les objets que nous utilisons, dimanche après dimanche, alors que nous nous rassemblons pour célébrer notre foi, jouent un rôle important dans ces différences. Et les outils que nous employons pour chanter ensemble sont significatifs du genre de chrétiens que nous tendrons à devenir sur le long terme.

    Chanter est une puissante activité qui façonne profondément ce que nous croyons. Nos pensées peuvent vagabonder alors que nous écoutons un sermon que nous n’en- tendrons probablement qu’une seule fois. C’est toute autre chose avec les psaumes, les hymnes et les chants de louange, car ils appartiennent à un répertoire que notre communauté – ce qui inclut chacun de nous – chantera souvent. Les idées théologiques exprimées dans un sermon peuvent aller et venir, peu importe qu’elles résonnent de façon frappante, intéressante ou profonde. Communiquées par un chant, les mêmes idées acquièrent une longévité. Elles se sédimentent quelque part dans notre subconscient.

    Ê nouveau, les Églises mennonites européennes sont intéressantes à cet égard. Comme je le disais, certaines d’entre elles chantent à partir d’un livre : par là j’en- tends qu’un recueil mennonite existe dans la langue d’une conférence d’Églises, et que les communautés l’utilisent pour leur louange.

    L’Europe du Nord possède une tradition de recueils mennonites : les Doopsgezinden hollandais ont le leur, et les mennonites germanophones d’Allemagne et de Suisse en partagent un. Évidemment, les anabaptistes n’ont pas composé tous les hymnes contenus dans ces livres. Bien des chants viennent d’un arrière-plan réformé, catholique ou œcuménique. Cependant, le répertoire compris entre les pages de couverture de ces recueils est en accord avec une théologie et une spiritualité anabaptistes. En ce sens, lorsqu’ils louent, ces croyants et leurs communautés font entendre une façon distinctive d’être chrétien.

    Les choses en vont autrement en Europe du Sud. Les mennonites espagnols ou francophones (Belgique, France, Suisse) ne jouissent pas du privilège d’avoir un « livre ». Ils ont tendance à chanter ce qui est projeté contre le mur. La plupart du temps, leur répertoire emprunte à des sources plus évangéliques et charismatiques. Le caractère distinctif de l’anabaptisme tend à s’effacer, en particulier lorsque ces chants soulignent la « puissance » de Dieu tout en minimisant le fait que, en Jésus, Dieu s’est vide de lui-même et est devenu faible afin de nous atteindre.

    Au cours des dernières décennies, les historiens de l’anabaptisme ont fait un travail remarquable pour nous rappeler, à nous, mennonites européens, nos racines historiques. Cela nous a donné le sens de notre identité. Néanmoins, pour convertir cette perspective en une spiritualité plus profonde, nous aurons probablement besoin d’une génération d’auteurs, de compositeurs et de théologiens qui nous offriront, ici, en Europe du Sud, un « livre » en accord avec notre foi. Et si ce livre est compatible avec un vidéoprojecteur ou une tablette, c’est encore mieux.

    Philippe Gonzalez est prédicateur dans une Église mennonite de France (Saint- Genis-Pouilly). Il enseigne la sociologie dans une université suisse.