Auteur/autrice : mennworldcon

  • Inde

    Des missionnaires mennonites des États-Unis ont commencé leur travail dans le centre de l’Inde, aujourd’hui l’État du Chhattisgarh, en novembre 1899. Ils ont débuté par des œuvres caritatives, apportant leur aide à la population frappée par la sécheresse. C’est en décembre 1900 qu’a eu lieu le premier baptême de 43 nouveaux convertis. Au début, le nombre de membres augmenta très rapidement. En 1949, lors de la célébration du Jubilé d’Or de l’œuvre missionnaire, le nombre de membres baptisés était de 1 579.

    Cependant, au cours des années suivantes, l’Église Mennonite d’Inde (MCI) n’a pas connu la croissance numérique espérée. Ses premiers responsables indiens ont tenté de créer des églises dans de nouvelles régions. Toutefois, étant satisfaite du maintien du statu quo, la MCI n’a procédé à aucune auto-évaluation.

    Dieu n’était peut-être pas satisfait de ce statu quo, et c’est alors qu’est apparu le mouvement pentecôtiste.

    L’arrivée des pentecôtistes dans la région occupée par la MCI

    Avant les années 1970, je me souviens que des prédicateurs pentecôtistes étaient invités à prêcher par les églises locales et aussi par la MCI lors d’occasions spéciales. Ces prédicateurs savaient généralement émouvoir les gens.

    Puis, au début des années 70, la présence pentecôtiste s’est faite davantage sentir dans certaines paroisses mennonites urbaines où les membres venaient de différentes dénominations. Dans la principale paroisse mennonite, des culte pentecôtistes ont commencé dans une maison particulière au milieu des années 70. Les jeunes mennonites, en particulier, qui ne suivaient pas de très près les activités de la MCI ont commencé à se réunir pour le culte et la communion fraternelle dans des maisons particulières. Des nonchrétiens ont aussi commencé à assister à ces réunions pentecôtistes dans les maisons.

    Les réunions étaient caractérisées par des chants et des prières animés et chargés d’émotion. Petit à petit, le mouvement s’est accéléré. La nouvelle naissance, le baptême par immersion, la dîme et le parler en langues ont pris de l’importance. Les participants étaient encouragés à crier « Alléluia !», « Amen !» et « Louez le Seigneur !» pendant le sermon. Lors des cultes, ils étaient invités à partager ce que le Seigneur avait fait dans leur vie au cours de la semaine précédente. Parfois, un peu de nourriture était offerte après les cultes.

    En semaine, les pasteurs pentecôtistes effectuaient régulièrement des visites à domicile, même dans les maisons mennonites. Ils priaient avec ferveur pour les malades. Les pasteurs recherchaient toutes les occasions d’être présents, comme lors de funérailles. Ils se liaient souvent d’amitié avec des membres aisés de la MCI qui n’étaient pas très actifs dans les églises de la MCI. Lentement, les églises de maison pentecôtistes ont augmenté. Elles se sont rapidement répandues dans d’autres villes et villages et se sont multipliées. Les responsables laïcs enthousiastes étaient encouragés à fréquenter les écoles bibliques pentecôtistes et, une fois la formation terminée, on leur donnait des postes dans des assemblées.

    Il semble qu’il y avait peu de structures. Les pasteurs décidaient de tout et étaient libres de la manière de gérer les assemblées locales.

    Églises de la MCI et présence pentecôtiste

    Au début, bien que les responsables des paroisses invitaient des prédicateurs pentecôtistes éloignés à prêcher, il se tenaient à distance des pentecôtistes locaux. Les membres mennonites qui avaient rejoints le mouvement pentecôtiste ont été forcés de quitter les églises mennonites. Mais la présence persistante des pentecôtistes et leur nombre croissant ont peu à peu changé la façon de penser de la MCI. De plus, de nombreux membres de la MCI ont épousé des femmes d’origine pentecôtiste qui sont devenues actives dans les églises de la MCI.

    Maintenant, la présence des assemblées locales et des responsables pentecôtistes est reconnue et acceptée. Il n’y a plus de rivalité ouverte entre les deux. En fait, la MCI a intégré des changements dans ses propres cultes. Il y a davantage de cantiques lors du temps de louange, et les gens sont invités à partager ce que le Seigneur a fait dans leur vie au cours de la semaine écoulée.

    Les pasteurs pentecôtistes sont acceptés avec respect. Les pasteurs mennonites sont encouragés à prier pour les non-chrétiens qui assistent ensuite aux cultes. Les demandes de prière de non-chrétiens sont incluses dans les prières pastorales, et ceux-ci sont également autorisés à partager leurs témoignages lors des cultes du dimanche

    Cela a encouragé les groupes pentecôtistes non affiliés dans les villages à demander la participation des responsables de la MCI. La MCI, pour sa part, a établi d’abord ces groupes en cellules de prière pour soutenir leurs responsables, puis, sous certaines conditions, les a reconnues comme des assemblées locales de la MCI à part entière.

    D’autres expériences sont en cours à la MCI pour intégrer des jeunes dans le ministère d’évangélisation.

    Suggestions concernant les relations avec les pentecôtistes

    1. Puisque ce mouvement pentecôtiste est un phénomène mondial, nous devrions l’accepter comme œuvre de Dieu. Nous ferions bien de prendre en compte les conseils du professeur de droit juif, le professeur Gamaliel, mentionné dans Actes 5/33-39.

    2. Nous devons faire une auto-évaluation : réfléchir à la raison pour laquelle Dieu a développé le pentecôtisme malgré la présence des églises établies. C’est comme la montée du mouvement anabaptiste/mennonite au début du XVIe siècle.

    3. Nous devrions pouvoir nous réjouir de ce que Dieu fait, amenant de plus en plus de personnes à Jésus-Christ par le ministère des pentecôtistes.

    4. Les églises établies devraient trouver des moyens de développer des relations de travail avec les pentecôtistes et les autres dénominations.

    5. Nous devrions accepter le fait que toute dénomination d’église, y compris la dénomination MCI, n’est jamais la seule capable de proclamer la « sagesse infinie de Dieu » (Éphésiens 3/9-11). Nous avons besoin de l’unité de l’esprit et de la coopération des églises pour cet appel.

    — Shantkumar Kunjam est évêque de la Conférence de l’Église mennonite d’Inde et vit à Rajnandgaon, Chhatisgarh, Inde.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • « Nous voulons que nos représentants régionaux développent des relations profondes avec chaque union d’église de leur région », dit Arli Klassen, coordinatrice des représentants régionaux. 

    Les représentants régionaux de la CMM sont des bénévoles à temps partiel qui développent et soutiennent les relations avec les unions d’églises membres, membres associées et membres potentielles de la CMM, les assemblées locales et les organisations partenaires liées à la CMM.  

    Une nouvelle région a été créée en 2022 en divisant le Cône Sud en deux : « ABCU » est l’Argentine, la Bolivie, le Chili et l’Uruguay. « BP » est le Brésil et le Paraguay.  

    « Il y a beaucoup d’unions d’églises membres dans cette région », déclare Arli Klassen. « Nous sommes reconnaissants d’accueillir un autre représentant régional pour aider à développer ces relations ». 

    Freddy Barron, pasteur et responsable national d’église en Bolivie, représente l’Argentine, la Bolivie, le Chili et l’Uruguay.  

    Cynthia Dück, du Paraguay, représente la nouvelle région constituée du Brésil et du Paraguay (Amérique Latine-Cône Sud-BP). Elle a déjà travaillé pour la CMM de 2007 à 2009 en organisant l’hébergement dans des familles pour la 15e Assemblée au Paraguay. Cynthia Dück est membre de l’église des Frères mennonites de Concordia. Elle fait partie du conseil d’église, est diacre pour les membres de plus de 65 ans et contribue à l’administration de la maison de retraite mennonite d’Asunción.  

    Siaka Traoré représente l’Afrique centrale de l’ouest. Il a servi la CMM en tant que président de la Commission Diacres (2015-2022). Siaka Traoré est aussi le mentor et le soutien des responsables de l’Église Évangélique Mennonite du Burkina Faso, encourageant à la fois le développement théologique et l’entrepreneuriat social. 

    Danisa Ndlovu représente le Sud de l’Afrique. Il a servi de 2009 à 2015 en tant que président de la CMM. Danisa Ndlovu est évêque dans l’Église Frères en Christ du Zimbabwe et directeur exécutif de FaithWalk Ministries International.  

    Après un long service à la CMM, notamment au sein du Comité Exécutif, Francisca Ibanda (connue sous le nom de « Mama Cisca ») et Barbara Nkala ont terminé leur mandat de représentantes régionales en Afrique centrale de l’ouest et Sud de l’Afrique, respectivement.  

    « Nous sommes très reconnaissants pour le travail de Cisca et Barbara. Les deux femmes ont apporté beaucoup de compétences en matière de leadership : elles sont connues et respectées dans leur région et ont de nombreuses relations dans le monde entier », déclare Arli Klassen.  

  • Témoignages d’Afrique

    Lorsque nous recevons la vie de Jésus, une espérance vivante naît en nous, avec des désirs tournés vers ce qui ne périt pas : la vie éternelle avec Dieu. Cette vie nouvelle est constamment mise à l’épreuve de diverses manières. C’est l’histoire d’un jeune Peul (personne appartenant au peuple semi-nomade des Peuls) du Burkina Faso qui s’est converti de l’islam au christianisme.

    Cela s’est passé alors que le terrorisme débutait dans un village peul du nord du Burkina Faso. Le muezzin (la personne qui appelle les gens à la prière) de la mosquée a donné sa vie à Jésus pour obtenir le salut. L’imam et toute la communauté musulmane n’étaient pas contents de sa décision. Ils l’accusèrent de trahison.

    Un jour, l’imam convoqua le muezzin devant plusieurs fidèles musulmans. Il fut placé au milieu du cercle, et l’imam demanda à l’assistance : “Si l’un de vos bœufs se perd dans le troupeau, et que vous le retrouvez, que faites-vous ?”. Les fidèles musulmans ont répondu fermement : “on le ramène et on l’attache bien pour qu’il ne se perde plus.”

    Le nouveau converti demanda la parole pour donner la réponse qu’il avait dans son cœur. “A mon humble avis, si votre bœuf s’égare et que vous le trouvez dans un vert pâturage en train de brouter de l’herbe fraîche, vous le laissez là et, le cœur joyeux, vous allez conduire le reste du troupeau jusqu’à lui afin que tous vos bœufs puissent aussi bénéficier de ce vert pâturage.”

    L’imam et sa suite se sont mis en colère et se sont retirés.

    Quelques jours plus tard, des hommes armés non identifiés firent irruption dans la nuit dans la maison du nouveau croyant. En raison de la chaleur, lui et sa famille ont dormi dans la cour à l’extérieur de la maison sur des nattes. Les assaillants l’ont réveillé d’un coup de pied et lui ont ordonné de les suivre. Il a obéi sans broncher. Alors qu’ils se déplaçaient dans la nuit noire, l’un des agresseurs a tiré sur lui avec un fusil de chasse, mais ne l’a pas touché.

    Dans un esprit de survie, le nouveau croyant s’est enfui et s’est caché dans la cuisine d’un ami jusqu’à l’aube. Sentant que le danger était passé, il est sorti de sa cachette et s’est montré à son ami. L’ami est rentré discrètement chez lui pour vérifier si sa famille allait bien et pour lui apporter des vêtements. Le nouveau croyant a quitté le village pour sauver sa vie.

    Jésus est notre espérance : même si nous traversons la vallée de l’ombre de la mort, il est à nos côtés.

    Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale 2023

     

  • Contexte historique

    L’anabaptisme est un mouvement chrétien dont les origines remontent à la Réforme radicale. La date la plus largement reconnue de la naissance de l’anabaptisme est le 21 janvier 1525, lorsque Conrad Grebel baptisa George Blaurock dans la maison de Felix Manz à Zurich, en Suisse. George Blaurock baptisa immédiatement plusieurs autres personnes après confession de leur foi. Ces baptêmes sont les premiers « rebaptêmes » connus de notre mouvement.

    L’anabaptisme a donné naissance à plusieurs groupes en Europe au cours des années 1500 – y compris aux mennonites (du nom de Menno Simons des Pays-Bas) – et s’est répandu dans plusieurs endroits. Les membres de ce mouvement ont continué à se déplacer et à croître en nombre à travers le monde au cours des siècles suivants.

    La Conférence Mennonite Mondiale a commencé en 1925 comme un moyen de rassembler les nombreuses Églises de différents courants anabaptistes. Aujourd’hui, la CMM compte des Églises membres dans 58 pays, chacune avec sa propre histoire de naissance et d’adhésion à la communion anabaptiste. Le Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale est un événement annuel pour les paroisses membres de la CMM du monde entier, l’occasion de louer ensemble en esprit en utilisant le même matériel pour le culte, conscients que nous nous appartenons les uns aux autres dans cette famille mondiale de foi.


    Le mouvement anabaptiste a commencé dans le cadre d’un mouvement de renouveau au sein de l’Église catholique en Europe au début du XVIe siècle. Une partie de son inspiration vient de la tradition catholique : le fort sens de la discipline et de la communauté que l’on retrouve dans le monachisme, par exemple, l’attention portée sur le Saint-Esprit que l’on pourrait trouver dans le mysticisme catholique, ou l’accent mis sur le fait de suivre Jésus dans la vie quotidienne dans L’Imitation du Christ, de Thomas á Kempis. L’anabaptisme doit également beaucoup à Martin Luther et au premier mouvement de la Réforme, en particulier en ce qui concerne l’accent mis par Luther sur l’autorité des Écritures et son insistance sur la liberté de la conscience chrétienne. Ce mouvement a aussi été façonné par de profonds troubles sociaux et économiques de l’époque, menant à la guerre des paysans de 1524-1525.

    Historian John D. Roth explains Anabaptist history at the Grossmünster in Zurich, Switzerland. Photo: Henk Stenvers

    Les anabaptistes eux-mêmes, cependant, auraient dit qu’ils essayaient simplement d’être de fidèles disciples des enseignements de Jésus et de suivre l’exemple de l’église primitive.

    Bien que les dates soient quelque peu arbitraires, le mouvement anabaptiste a « officiellement » commencé le 21 janvier 1525 lorsqu’un petit groupe de réformateurs chrétiens s’est réuni pour un culte secret à Zurich, en Suisse. Le groupe était frustré par l’hésitation de leur chef, Ulrich Zwingli, à adopter les changements aux rituels catholiques qu’ils étaient tous convaincus que la Bible exigeait, en particulier en ce qui concerne la messe et le baptême des enfants. D’après leur lecture des Écritures, le vrai baptême chrétien suppose un engagement conscient à suivre Jésus – ce dont aucun enfant n’est capable. Ainsi, le 21 janvier 1525, ce petit groupe accepta de se baptiser à l’âge adulte. Bien qu’il faille un certain temps avant que la pleine signification du baptême ne devienne claire, les premiers anabaptistes avaient compris que cet acte symbolisait la présence du Saint-Esprit dans le don de la grâce de Dieu, un engagement à mener une vie de disciple au quotidien et l’appartenance à un nouvelle communauté du peuple de Dieu.

    Les membres du mouvement se désignaient généralement eux-mêmes sous le nom de « Frères » (Brüder) – ou plus tard par le terme plus descriptif « du baptême » (Taufgesinnten). Leurs opposants les ont qualifiés d’anabaptistes (= re-baptiseurs), en partie parce que le « rebaptême » était une infraction pénale dans le Saint Empire romain, passible de la peine de mort. Au début, le groupe a résisté au terme « anabaptiste » car dans leur esprit, ils ne rebaptisaient pas, mais baptisaient correctement pour la première fois. Mais avec le temps, le nom est resté. Aujourd’hui, anabaptiste est un terme français qui englobe tous les groupes issus de la Réforme qui pratiquaient le baptême des croyants (plutôt que des enfants), et les dénominations qui en descendent comme les Amish, les Mennonites et les Huttérites.

    Au fil du temps, cependant, un mouvement cohérent a émergé. Son identité s’est forgée, en partie au moins, de par la nécessité de répondre à plusieurs besoins spécifiques. Premièrement, en réponse aux accusations d’hérésie par les autorités religieuses et politiques dans la première moitié du XVIe siècle, les anabaptistes se sont rapidement définis comme des chrétiens fidèles et croyant en la Bible. Deuxièmement, des voix militantes parmi eux, prêtes à imposer le changement social et religieux par la violence, ont forcé les anabaptistes à clarifier leur identité en tant que chrétiens pacifiques, respectueux des lois et non résistants dont la seule arme était l’amour. Et enfin, face aux dissidents spiritualistes qui privilégiaient une expérience religieuse interne qui pouvait éviter les disputes théologiques et passer inaperçues par les autorités, les anabaptistes ont été obligés de défendre la nature publique et visible de l’église.

    Malgré la diversité évidente de la théologie et de la pratique parmi la première génération d’anabaptistes, trois groupes cohérents ont émergé dans les années 1540 : les Frères suisses dans les territoires germanophones ; les Huttérites en Moravie ; et les mennonites des Pays-Bas et de l’Allemagne du Nord qui guidés par Menno Simons. Bien que ces groupes diffèrent sur des points importants, ils se reconnaissent néanmoins comme membres de la même tradition religieuse, de sorte que leurs désaccords internes prennent souvent la forme d’une querelle de famille.

    —Extraits de Stories: How Mennonites Came to Be, de John D. Roth, Herald Press, 2006. Adapté et utilisé avec la permission de l’auteur.

    Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale 2024

  • Choisissez des passages qui parlent dans votre contexte local.

    Ancien Testament : Ésaïe 40/28-31

    • Jésus-Christ notre espérance est un thème qui vient à point nommé, un thème approprié au lendemain de la traversée de zones de turbulences dans notre monde et dans nos vies en particulier. L’espérance est une confiance pure et désintéressée en l’avenir. Ne dit-on pas que nous n’avons plus d’espoir quand il n’y a plus de vie ? Avoir l’espérance, c’est avoir la foi, c’est continuer à mettre sa confiance en Dieu, même si tout ne va pas comme on le souhaite. Dans notre contexte d’insécurité, aggravé par la crise du COVID-19 et bien d’autres maux qui sévissent autour de nous, l’espérance se présente comme le souffle de la vie.
    • Les enfants d’Israël ont eux aussi connu à un moment donné de telles déceptions et des moments de crise. Selon eux, ils avaient l’impression de ne plus être importants aux yeux de Dieu. Beaucoup d’entre nous ont peut-être le même sentiment de ne pas être pris en compte par Dieu. C’est fréquent lorsque nous traversons des périodes d’incertitude. Dieu le sait, il connaît nos peurs et nos inquiétudes. Malgré l’incertitude, Dieu nous parle en disant : “Donne de l’espoir à mon peuple !”
    • Bien que tout ne soit pas comme nous étions habitués avant, Dieu est fidèle à ses promesses. Dieu reste Dieu et n’a pas changé. Dieu vous demande de placer votre confiance, votre espérance en lui. Dans Esaïe 40, Dieu répète sans cesse : “Levez vos yeux et regardez ! Qui a créé ces choses ? Qui fait marcher leur armée en ordre ? Il les appelle toutes par leur nom”. Dieu dit dans Jérémie 29/11 : “Oui, moi, l’Éternel, je connais les projets que j’ai pour toi. Je le déclare, ce ne sont pas des projets de malheur mais des projets de bonheur. Je vais vous donner une figure pleine d’espérance.”
    • Dieu veut vous donner l’espérance lorsque vous pensez que rien ne va plus dans votre vie familiale, votre santé, votre travail ou vos relations avec les autres. Dieu vous demande de lever les yeux vers lui. Comme Lui, Dieu veut que vous ne soyez pas fatigués, ni que vous vous ennuyiez. Quand vous pensez que rien ne va, Dieu vous dit de prendre votre envol tel un aigle. Dieu veut que vous mettiez votre confiance en Lui. Ne voyez pas tout comme un échec, mais comptez les avantages que Dieu a mis devant vous. Vous verrez en adorant que les bénédictions de Dieu sont grandes.
    • L’espérance en Dieu nous rendra plus forts pour servir le Seigneur.

    Psaume : Psaumes 62/1-6

    • David s’exhorte à continuer à attendre Dieu. Nous devons persévérer dans le bien que nous faisons et nous efforcer de faire toujours plus.
    • Tout le monde a déjà été confronté aux actions de certaines personnes mal intentionnées et irritées par d’autres. Mais Dieu permet ces choses. Bien sûr, il est difficile de les gérer, mais elles donnent aussi l’occasion de développer des comportements plus vertueux.
    • Plus la foi est exercée, plus elle devient active. Plus nous méditons sur les perfections de Dieu, sur les promesses de Dieu et sur notre expérience, plus nous surmontons nos craintes et sommes maintenus dans la paix (Ésaïe 26/3). De la même manière que la foi de David grandit en une certitude inébranlable, sa joie se transformera en un saint triomphe.

    Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale 2023

    Évangile : Luc 18/35-43

    • Jésus est l’espérance des marginalisés. Jésus est celui qui peut entendre la voix des sans-voix. Ouvrons nos oreilles, nos yeux, pour entendre et voir ceux qui sont marginalisés afin de leur donner de l’espoir.
    • Cet homme aveugle et désespéré dépendait de la générosité de personnes de bonne volonté. Une générosité qui ne répondait certainement pas à tous ses besoins. Cet homme voulait être indépendant. Il a dû entendre parler de Jésus, et il a mis son espérance, sa foi, en Jésus sans l’avoir vu. Cet homme se disait que le jour où Jésus passerait près de lui, il ne manquerait pas l’occasion de l’interpeller. Son espérance était en Jésus.
    • Ce jour est un jour de grâce pour l’aveugle. Il entend le bruit d’une foule, il s’informe et apprend que c’est Jésus de Nazareth qui passe. Il se dit : « mon espérance est comblée ». Puis, plus fort que tout le bruit de la foule, on entend « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ». La foule, par mépris, lui dit « Tais-toi ». C’est alors qu’il crie de plus en plus fort « Fils de David, aie pitié de moi ! ». Jésus, espérance des désespérés, lui prête attention, et lui fait la plus belle des propositions : « Que veux-tu que je fasse ?». Certaines versions disent : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Jésus, j’aimerais t’entendre me poser une telle question tous les jours de ma vie, car tu es mon espérance.
    • Tout comme le jeune roi Salomon, l’aveugle demande ce qui est essentiel et nécessaire, et ce que les hommes n’ont pas su lui donner : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Le Seigneur lui répond. Il est comblé et est l’homme le plus heureux de la terre ce jour-là.
    • Certainement, cet homme était marginalisé à cause de son handicap physique. Jésus a été sa délivrance et son espérance. Il se peut que nous ne soyons pas victimes d’un handicap physique, mais d’une sorte de handicap qui ne peut être vu par l’œil humain. Nous aussi, nous devons lancer ce cri à Jésus chaque jour, en disant « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». Ainsi, Jésus guérira nos handicaps physiques et spirituels. En retour, nous nous tournons vers lui avec gratitude et nous lui demandons, comme Saul sur le chemin de Damas, en disant « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » (Actes 9/6)
    • Espérer en Christ peut apporter la guérison dans nos vies.
    • Quelle situation est si difficile pour vous qu’il est difficile d’avoir de l’espoir ? Qui essaie de vous faire taire ? Fixez vos yeux sur Jésus. Ne permettez à personne de faire taire votre espérance en Christ. Criez encore plus fort ! Invoquez Jésus, et il vous répondra. Jésus est attentif lorsque vous l’appelez, avec espérance.

    Nouveau Testament : 1 Pierre 1/3-6

    • Jésus a clairement indiqué à ses disciples quel est le prix à payer pour le suivre. Jésus ne nous a pas promis monts et merveilles. Au contraire, il nous a dit que si nous voulons le suivre, nous devons prendre notre croix, symbole de la souffrance et de la persévérance. Ce qui nous rassure dans cette réalité du royaume, c’est que Jésus a promis d’être avec nous dans les bons et les mauvais moments.
    • Jésus est notre espérance dans cette vie présente, et Jésus est aussi notre espérance vivante pour tous les temps. Nous mettons notre confiance en Jésus pour l’éternité. Peu importe ce qui se passe pour vous, et ce qui ne va pas bien, mettez votre confiance en Jésus. Ne renoncez pas à Jésus, à votre vie spirituelle. Levez-vous et mettez à nouveau votre espérance en Jésus.

    Contenu des prédications proposés par :

    • Siaka Traoré, pasteur, Eglise Evangélique Mennonite du Burkina Faso
    • Seliselwe Sibanda des Brethren in Christ Church, Zimbabwe
    • Pasteur Absalom Sibanda, Évangéliste, Brethren in Christ Church, Zimbabwe
  • Accueil/Invitation à la louange

    (dire avec force)

    Responsable : Donnez-moi un J
    Assemblée : J
    Responsable : Donnez-moi un É
    Assemblée : É
    Responsable : Donnez-moi un S
    Assemblée : S
    Responsable : Donnez-moi un U
    Assemblée : U
    Responsable : Donnez-moi un S
    Assemblée : S
    Responsable : Et ça fait quoi ?
    Assemblée : Jésus !
    Responsable : Et ça fait quoi ?
    Assemblée : Jésus !
    Responsable : L’ESPÉRANCE est dans le nom de
    Assemblée : Jésus !
    Responsable : L’ESPÉRANCE est dans le nom de
    Assemblée : Jésus !

    Une assemblée de Mennonite Church Uganda salue la famille mondiale lors de la visite de Henk Stenvers, alors président de la Commission Diacres, en 2019. Photo : Henk Stenvers

    Bénédiction

    Responsable : Dieu est bon
    Assemblée : En tout temps
    Responsable : En tout temps
    Assemblée : Dieu est bon
    Responsable : En tout temps
    Assemblée : Dieu est bon
    Responsable : Dieu est bon
    Assemblée : En tout temps

    Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale 2023

     

  • Le temps des offrandes est aussi important que la prédication. Souvent, quelqu’un présente un témoignage et une Écriture sur le thème du don.

    Le pasteur demande souvent à l’un des responsables de prier, de bénir les donateurs et aussi que ceux qui ne donnent pas soient bénis pour pouvoir le faire.

    Parfois, les responsables font circuler les paniers, et d’autres fois, les membres viennent à l’avant pour mettre leur offrande dans un panier. Dans de nombreux endroits, les gens chantent et dansent car le don est accompagné de beaucoup de joie.

    En ce dimanche de la fraternité anabaptiste mondiale, la CMM invite les églises à collecter une offrande spéciale pour notre communauté anabaptiste mondiale. L’idée est d’inviter chaque membre à donner l’équivalent du coût d’un repas local pour soutenir les réseaux et les ressources de notre famille spirituelle mondiale de la CMM. Sacrifier un repas, c’est notre humble manière de remercier Dieu et d’apporter un soutien aux ministères de la CMM pour le Seigneur

    Ce don « d’un repas » par personne une fois par an est quelque chose que tous les membres de la CMM peuvent faire. Certaines personnes ont les moyens de donner beaucoup plus que cela, et devraient être encouragées à le faire. D’autres, dont les ressources sont plus limitées, pourraient être encouragées par le fait que le Comité Exécutif de la Conférence Mennonite Mondiale, composé de membres de tous les continents, est convaincu que la plupart des adultes du monde entier peuvent donner l’équivalent d’un repas par an pour soutenir le travail de l’Église mondiale.

    Voici quelques suggestions pour préparer le temps de l’offrande dans votre assemblée :

    • Prévoyez que les offrandes « d’un repas » soient déposées dans un panier spécial à l’avant, ou dans des contenants culturellement appropriés et en lien avec les repas lors du culte.
    • Prévoyez un repas communautaire partagé ensemble avant ou après le culte du dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale
      • Ça pourrait être une « auberge espagnole » où chaque famille amène de grand plat à partager, avec un panier réservé pour l’offrande pour la CMM présente au repas.
      • Chaque famille pourrait ramener un repas tout préparé. Ces repas préparés sont alors mis aux enchères, vendu ou participation libre pour être ramenés à la maison et être mangé en famille après le culte.
    • Prévoyez un temps de jeûne et de prière pour l’Église mondiale pendant un repas avant ou après le culte du dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale, et faites une offrande pour la CMM pendant ce temps, représentant au moins la valeur du repas qui n’est pas consommé.

    Les fonds recueillis par cette offrande spéciale dans chaque assemblée peuvent être envoyés directement à la Conférence Mennonite Mondiale (trouver des moyens de donner sur mwc-cmm.org/donner). Vous pouvez également envoyer ces fonds au bureau de votre union d’église nationale, en les désignant clairement comme destinés à la Conférence mennonite mondiale et en indiquant qu’il s’agit de l’offrande du dimanche de la Fraternité anabaptiste mondiale. Vous pouvez demander qu’ils transmettent alors les fonds à la CMM.

    Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale 2023

     

    • Renseignez-vous auprès des Africains de votre propre communauté sur l’intégration de leurs propres traditions de culte.
    • En Ethiopie, la première heure du culte est consacrée à la prière, avec des textes bibliques et des chants qui guident le cœur et l’esprit de ceux qui prient, souvent à genoux.
    • De nombreux cantiques traditionnels sont adaptés à un rythme africain et comprennent des danses, des battements de mains, des ululations et des sifflements. Ces gestes sont utilisés pour louer Dieu. Les tambours mettent en valeur la beauté de chaque chant.
    • Souvent, les membres viennent à l’avant pour mettre leur offrande dans un panier. Dans de nombreux endroits, les gens chantent et dansent car le don est accompagné de beaucoup de joie.
    • De nombreuses personnes en Afrique portent de beaux vêtements traditionnels ou un uniforme d’église lorsqu’elles vont au culte. Le culte est un moment où l’on se montre sous son meilleur jour pour glorifier Dieu.
    • En Éthiopie, juste avant la prédication, le responsable appelle les enfants qui ont mémorisé la Bible ou qui sont prêts à chanter une chanson à s’avancer. Les enfants se pressent pour passer devant les autres. Si un enfant doit chanter, l’assemblée se joint à lui pour l’encourager. Même les enfants qui ne savent pas encore lire récitent des passages de la Parole par cœur et reçoivent les encouragements et les applaudissements de l’assemblée.
    • Dans certaines assemblées d’Afrique, à la fin du service, chaque personne salue toutes les autres en leur serrant la main ou en les embrassant. Pour ce faire, les personnes forment une ligne à l’intérieur du bâtiment et saluent la première personne à la porte donnant sur l’extérieur. Un par un, les personnes à l’intérieur du bâtiment passent la porte et rejoignent la file à l’extérieur du bâtiment après avoir salué toutes les personnes qui sont déjà dans la file à l’extérieur. Le fait que chacun salue tout le monde à la sortie du bâtiment de l’église renforce l’expérience de la communauté pour tous.
    • Des membres de l’église se saluent après un rendezvous au Bobo-Dioulasso, Burkina Faso, en 2020. Photo : Siaka Traoré

      Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale 2023

       

  • Canada

    Il y a 20 ans, mon mari et moi pleurions la fin navrante de notre paroisse, qui avait été déstabilisée pendant le renouveau des années 1990.

    Je me sentais à la fois cynique et nostalgique concernant le mouvement charismatique. Nous recherchions un équilibre mental, une stabilité et un enseignement solide, et une paroisse Frères Mennonites (MB) à proximité a attiré notre attention. Pourrait-elle être notre prochaine assemblée ?

    Intérieurement, j’ai fait la grimace. Je ne voulais pas abandonner les poussées d’adrénaline produite par les prophéties, les sommets extatiques des moments de louange, les rencontres intenses et personnelles du ministère de la prière. La joie.

    Certains de mes amis se sont rendus à l’église pentecôtiste la plus proche, mais ont fini par se plaindre du manque d’enseignement solide. D’autres ont rejoint les évangéliques traditionnels, et ont fini par se plaindre du manque de souffle de l’Esprit. Étions-nous condamnés à nous joindre à quelque reste secrètement bouillonnant d’élitistes spirituels mécontents qui ne faisaient que se plaindre peu importe l’église dans laquelle ils se trouvaient ?

    Nous avons prié, nous avons respiré profondément, et nous nous sommes joints aux Frères Mennonites.

    Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais.

    Anabaptistes charismatiques

    Ce premier dimanche, j’ai vu des mains levées dans l’adoration, des anciens qui priaient et un fort accent sur la communauté, ce qui a mis à l’épreuve mon égocentrisme. Le pasteur venait de rentrer d’une expérience avec Jeunesse en Mission (JEM) et désirait voir le Saint-Esprit agir dans son église. Pentecôtiste déguisé ? Non. Frère mennonite.

    L’Église MB est née il y a 155 ans, fruit d’un mariage improbable entre une ‘mère’ mennonite dévouée et un ‘père’ plus charismatique (un hybride de baptiste allemand et de piétiste luthérien enthousiaste) ; leur union a produit un ‘enfant de l’amour’ peu flexible et littéralement enclin à sauter de joie.

    Les premiers Frères étaient une force évangélique avec laquelle il fallait compter, attachés à une expérience intensément personnelle de Dieu.

    ‘Maman mennonite’ a été un peu surprise. Elle a attendu de voir ce qui arriverait. Lorsque la sensualité et le péché ont fait surface, elle a réprimé cette émotivité excessive d’une main lourde. Depuis lors, son enfant remuant a été beaucoup plus sage.

    Mais au Canada, certains MB ont des fourmis dans les jambes. Quelle en est la raison ?

    Diversité de l’Esprit

    Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le Canada a activement encouragé l’immigration de personnes ni européennes blanches ni anglophones. Un boom économique après la Seconde Guerre mondiale a ensuite amené à élargir la palette des couleurs de peau des immigrants acceptables pour inclure les Asiatiques, les Africains subsahariens et les Sud-Américains. L’église MB canadienne – qui avait envoyé des missionnaires à l’étranger pendant des années – a commencé à s’intéresser à la diaspora à sa porte, ce qui a créé des ministères ethniques au sein des paroisses et l’implantation de paroisses ethno-spécifiques.

    En utilisant une métaphore, on pourrait dire que le repas en commun du dimanche comportait des dim sum théologiques, des papadum et des tortillas outre les saucisses et le platz.

    Malgré les réticences de longue date concernant le pentecôtisme traditionnel, les muscles atrophiés des MB se sont soumis à l’influence subtile mais croissante de ceux du Sud, où le pentecôtisme est une expression dominante du christianisme protestant. Aujourd’hui, cette influence charismatique est comme un morceau de silex cherchant des bûches bien arrangées, et dans la cheminée MB solidement construite, se trouvent toujours les braises du feu qui nous a autrefois donné naissance.

    Certaines églises s’enflamment, d’autres – comme la nôtre – se consument lentement.

    Vingt ans se sont écoulés depuis notre premier dimanche à la paroisse Frères mennonites. Récemment, le pasteur a avoué son désir de renouveau. Il a défini l’élément manquant dans sa vie – déjà riche en prière, en étude biblique et en communauté – comme le risque. Ê l’automne 2021, il a commencé une série de sermons sur le don du Saint-Esprit, encourageant des expressions charismatiques faisant honneur à la théologie et aux valeurs MB.

    A quoi cela ressemble-t-il ?

    Imaginez : un culte contemporain dynamique avec des paroles soigneusement choisies à l’aide d’une herméneutique communautaire ; des prises de position diverses sur des questions théologiques non-essentielles ne rencontrant ni hostilité ni évitement ; des initiatives radicales pour la justice sociale défendues par des artisans de paix radicaux ; la Parole prêchée hardiment mais avec une humble reconnaissance des ambiguïtés de l’Écriture ; une prière audacieuse mais qui évite les demandes unilatérales ; une formation dans le domaine de la pratique des dons spirituels, et un espace pour des rencontres personnelles avec Dieu par le ministère de la prière.

    Lorsque le plus brillant et le meilleur du pentecôtisme mondial fusionne avec le plus brillant et le meilleur de l’héritage MB, l’espoir devrait monter en flèche. Quel meilleur contexte pour devenir un peuple qui non seulement s’engagera dans le renouveau, mais qui saura le guider ?

    —Nikki White écrit pour MULTIPLY (l’agence internationale Frères Mennonites d’envoi) et auteur de Identity in Exodus. Elle fréquente l’église communautaire de North Langley en Colombie-Britannique (Canada), où elle supervise l’élaboration du programme et la formation au ministère de la prière.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Zimbabwe

    Le pentecôtisme est devenu l’expression du christianisme qui connaît la croissance la plus rapide dans le monde aujourd’hui. Les anabaptistes d’Afrique ne sont pas étrangers à cette réalité. Le désir de s’affranchir du contrôle missionnaire, ou mieux ‘la quête de liberté spirituelle’ ont trouvé chez les anabaptistes un moyen d’expression dans la spiritualité pentecôtiste.

    En Afrique australe, au cours des 20 dernières années, le climat spirituel s’est rapproché du pentecôtisme et s’est éloigné de l’anabaptisme et des autres églises traditionnelles/principales. Une grande partie du style, de la pensée et de la pratique de l’Église africaine soit s’oppose aux mouvements pentecôtistes, ou se modèle sur eux. Il est difficile pour les églises traditionnelles de rivaliser avec les églises pentecôtistes dont la ferveur spirituelle est si proche de la religion traditionnelle africaine.

    Comment cette évolution affecte-t-elle les églises anabaptistes africaines ?

    Les anabaptistes doivent s’adapter à la croissance du pentecôtisme dans le contexte africain. Ce n’est pas un mouvement que les églises anabaptistes peuvent faire disparaître ; il est là pour rester.

    Au fil du temps, la plus haute expression de spiritualité dans les églises africaines a trouvé son idéal dans la spiritualité pentecôtiste. L’élément essentiel est sa ferveur. De nombreux chrétiens africains considèrent que les églises traditionnelles, avec leur style de foi, de culte et de pratique enseignés par les missionnaires, manquent de ferveur spirituelle. Aujourd’hui, les croyants africains recherchent une expression enthousiaste de leur foi et de leur spiritualité, et le pentecôtisme la leur offre.

    Aussi les assemblées anabaptistes voient certains de leurs membres les quitter ou introduire des pratiques venant du pentecôtisme. Les sermons poignants, les prières ferventes, les chants, les danses, les exorcismes, l’appel au Saint-Esprit, et toutes les autres expressions pentecôtistes sont plus attrayantes pour de nombreux chrétiens africains aujourd’hui que l’ambiance froide et figée des cultes couramment observée dans les assemblées anabaptistes. Ces caractéristiques trouvent un écho pour l’Africain moyen, ce qui fait que le pentecôtisme semble plus africain qu’étranger.

    Ce que le pentecôtisme semble offrir est une expression véritablement africaine de la foi dans le Dieu trinitaire. Contrairement aux églises traditionnelles africaines, le pentecôtisme croit fermement en la plupart des vérités fondamentales auxquelles adhèrent les chrétiens conservateurs, mais il est parfois erroné dans leur application. C’est donc l’occasion pour les églises anabaptistes d’exprimer ces vérités bibliques et théologiques de manière plus pertinente pour les croyants africains.

    Mais là où le mouvement pentecôtiste pose problème, c’est qu’il entraîne la création d’églises dissidentes. L’Afrique est saturée de mouvements pentecôtistes qui deviennent autant de mouvements charismatiques si bien que même certaines églises pentecôtistes s’en séparent. Ces églises dissidentes sont devenues une menace pour la stabilité du christianisme dans la région de l’Afrique australe. Les opposants à la foi chrétienne dans cette région accusent le pentecôtisme de fabriquer de faux pasteurs, de faux prophètes, de faux hommes de Dieu, et de prêcher l’évangile de la prospérité.

    Un dialogue entre le pentecôtisme et l’anabaptisme est essentiel. Il faut identifier les points de confluence et les points de divergence. Pour développer un contexte chrétien plus pertinent et plus fervent, il faut que les deux mouvements dialoguent. Le pentecôtisme doit être consolidé par des fondements doctrinaux sur la pensée et la pratique chrétiennes, plutôt que de privilégier l’expression des sentiments et les expériences.

    Grâce aux relations œcuméniques, il y a maintenant des dialogues, des séminaires, des formations et des ateliers sur les meilleurs moyens de communiquer la foi chrétienne africaine qui ne soient pas contraire à l’enseignement biblique. Les églises se réunissent pour critiquer certains mouvements dissidents qui cherchent à transmettre un message biblique dont l’expression n’est pas conforme à la doctrine, à la pensée et à la pratique chrétiennes. Des responsables et des enseignants des églises pentecôtistes et des églises missionnaires collaborent pour produire et publier des articles et de la littérature destinées à éduquer les chrétiens sur les valeurs et les pratiques chrétiennes appropriées. La télévision et la radio diffusent des conversations entre pasteurs, responsables et enseignants de divers horizons religieux pour débattre des véritables enseignements chrétiens.

    Les anabaptistes doivent prendre conscience de la nécessité de dialoguer avec les mouvements pentecôtistes. Dans le contexte africain, notre désir est de faire l’expérience d’une véritable spiritualité chrétienne africaine. Un enseignement anabaptiste pour bien comprendre les textes bibliques est également crucial. Si nous ne communiquons pas la spiritualité africaine la plus pertinente, associant le meilleur de l’anabaptisme et du pentecôtisme, alors les chrétiens africains seront influencés par des formes de spiritualité mal interprétées.

    —Mfakazi Ndlovu est titulaire d’un Bachelor of Arts en théologie, d’un diplôme de troisième cycle en gouvernance d’entreprise et d’une maîtrise en administration. Il est enseignant et a été doyen de l’Institut biblique Ekuphileni, un collège biblique de l’Église Frères en Christ (BICC) au Zimbabwe, ainsi que professeur assistant au Collège théologique du Zimbabwe. Il travaille avec la BICC Zimbabwe en tant qu’administrateur.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Zoom sur les ressources : La Déclaration de solidarité avec les peuples autochtones 

    Nous exhortons l’Église à l’échelle œcuménique, confessionnelle et mondiale, à rejeter les interprétations erronées de la Bible qui justifient les mauvais traitements infligés aux peuples autochtones. Nous renouvelons notre engagement à incarner l’esprit de Jésus comme indiqué dans le Sermon sur la montagne : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu » (Matthieu 5/9).

    « La solidarité avec les autochtones est au centre de ce que nous faisons aux Philippines avec Coffee for Peace », déclare Joji Pantoja, présidente de la Commission Paix (2015-2022). La Commission Paix a rédigé une Déclaration de solidarité avec les peuples autochtones qui a été validée par le Conseil Général de la Conférence Mennonite Mondiale en 2018. 

    « Maintenant que la déclaration est là, le plus dur est de l’utiliser : admettre qu’à moins d’être autochtone, nous sommes probablement le colonisateur ; amplifier les voix que nous n’avons pas entendues à l’époque ; et accepter la vérité quand elle fait mal », explique Joji Pantoja. 

    La déclaration a été rédigée après la visite en 2015 de responsables de la CMM à La Iglesia Evangélica Unida Hermanos Menonitas de Panamá, une église membre de la CMM composée de peuples Wounaan et Emberra.  

    « Quand on m’a invitée à rejoindre la délégation au Panama, j’ai dit oui. Je voulais voir si la situation des peuples autochtones [au Panama] était la même que celle des peuples autochtones d’ici », dit Joji Pantoja. 

    « C’est tellement triste quand vous entendez parler d’une communauté dont les ressources sont bloquées parce qu’elles sont contrôlées par le gouvernement. C’est le cas au Panama. Il arrivait même que ce soient des chefs de communautés tribales qui vendent les cocoboliers à [des intérêts commerciaux] et qui autorisent à en couper davantage. » 

    Lors de son séjour au Kenya pour les réunions du Conseil Général en 2018, Joji Pantoja a également pu rencontrer des peuples autochtones. « Ils n’ont pas leur mot à dire ou ne savent pas quoi dire. Tant que le gouvernement leur permet d’utiliser la terre, ils gardent le silence. »  

    « Lorsque je vivais à Vancouver, au Canada, en 1986, mon mari et moi avons vu des membres [« autochtones »] des Premières nations dormir dehors. Comment pouvais-je être dans un pays développé et voir des gens vivre de la sorte dans l’arrière-cour ? J’ai alors eu un pincement au cœur en pensant à la marginalisation des Premières nations. » 

    « En observant ce qui se passe dans d’autres pays, j’ai été reconnaissante aux Philippines d’être bien avancées dans l’éducation des peuples autochtones en ce qui concerne le droit à l’autodétermination tel qu’il est inscrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) ».  

    Joji Pantoja

    L’UNDRIP « n’est pas parfaite », dit-elle, « mais des dispositifs existent ». 

    Joji Pantoja espère que la déclaration de la CMM aidera les églises membres à se tenir aux côtés des peuples autochtones opprimés.  

    « Lorsque nous faisons partie de communautés de colonisateurs, nos églises devraient demander pardon ». 

    « Tout cela est lié à la doctrine de la découverte. Même si nous (nos ancêtres ecclésiologiques) ne sommes pas ceux qui ont persécuté les peuples autochtones par la doctrine de la découverte, nous devrions les respecter parce qu’ils sont des êtres humains créés par Dieu ».  

    « J’espère que nous parviendrons au stade où les églises reconnaîtront que nos ancêtres ont fait ces choses. Nous essayons maintenant de rectifier le tir. Le document de la CMM sur la solidarité a été adopté par le Conseil Général mais il n’est pas encore entré dans l’esprit des colonisés et des colonisateurs ». 

    « Avec les problèmes qui se posent actuellement dans le monde, ce document est utile pour que les gens de nos églises entament un dialogue afin que nous puissions vraiment nous réconcilier et rectifier le tir ». 

    Grâce au dialogue, les églises peuvent apprendre la perspective des peuples autochtones. « Comment pouvons-nous les aider sans créer un autre conflit ? Comment peuvent-ils exprimer ce qu’ils ressentent, ce qu’ils ne pouvaient pas dire auparavant ? Cela demande aussi de la sagesse », dit Joji Pantoja.  

    « Lisez le document, sensibilisez-vous. Voyez comment Dieu vous parle. Puis soyez prêts à l’utiliser pour amplifier la voix des personnes marginalisées lorsqu’elles ont besoin d’aide… Ainsi, elles ont quelque chose sur lequel s’appuyer et dire : ‘Oh, Dieu merci, les mennonites sont avec moi !’ ».  

    « La prise de conscience est un cheminement. L’acceptation est un cheminement. Une fois que cela vous frappe dans la tête ou dans le cœur… vous devez agir. » 

    Panama, 2015

    Comme les quatre cavités du cœur, les quatre Commissions de la Conférence Mennonite Mondiale sont au service de la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les Commissions préparent des documents à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux et des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous le communiqué d’une des commissions. 
  • Lecture : Matthieu 5/3-20

    En juin 1981, notre famille a déménagé à Cochabamba, en Bolivie, où mes parents devaient en-seigner dans un séminaire baptiste qui souhaitait davantage de contributions anabaptistes.

    Nous sommes arrivés à un moment particulièrement agité de l’histoire bolivienne. En juillet 1980, Luis García Meza, un commandant de l’armée bolivienne, avait mené un coup d’état, initiant un régime brutal de type Pinochet. Meza n’a gouverné que pendant environ 13 mois : en raison de la pression exercée par la communauté internationale, il a été contraint de démissionner en août 1981. Son ami et collègue de l’armée, le général Celso Terrelio, a succédé à Meza avec un régime presque aussi répressif.

    Comme d’autres dictateurs, García Meza avait introduit une « liste de livres interdits ». Cette mesure visait à étouffer ce qui pouvait potentiellement influencer la pensée des gens, ce qui pou-vait également remettre en question son régime. Curieusement, Meza avait inclus les chapitres 5 à 7 de Matthieu – le Sermon sur la montagne – dans cette « liste de livres interdits ».

    Le problème, bien sûr, était que mon père était censé donner un cours sur le livre de Matthieu. Cela a donné lieu à de nombreuses discussions au sein du séminaire. Allaient-ils écouter le gou-vernement et se pencher sur un autre livre de la Bible ? Allaient-ils enseigner Matthieu mais sauter ces trois chapitres ?

    Ils ont finalement décidé de demander à l’étranger de donner le cours (y compris le Sermon sur la Montagne) !

    Mais cela comportait des risques, d’autant plus que le gouvernement de Meza faisait activement taire les voix contestataires. De fait, le principal répresseur de Meza était le colonel Luis Arce, qui occupait le poste de ministre de l’Intérieur. Il mettait en garde tous les Boliviens qui s’opposaient au nouvel ordre en leur disant qu’ils « devaient se promener avec leur testament sous le bras ! »

    Pourquoi un dictateur voudrait-il interdire ces trois chapitres ? Pourquoi trouvaitil ces chapitres menaçants ?

    Il y a des interprétations du Sermon sur la Montagne qui ne questionnent pas le pouvoir.

    Lorsque ma femme et moi étions pasteurs jeunesse, le 700 Club, une émission de télévision américaine, a fait son apparition sur les écrans de notre petite région du sud de l’Ontario (Canada). Diffusée depuis 1966, elle se présente comme « une émission d’information qui a la variété et le rythme d’une émission matinale….. Elle comporte également des reportages d’investigation approfondis… [et] couvre les grands événements qui affectent notre nation et le monde. »

    Un jour, par curiosité, j’ai regardé une émission qui portait sur Matthieu 5/13-16.

    Ce qui m’a frappé dans l’explication de l’animateur, c’est qu’il interprétait les déclarations caté-goriques de Matthieu comme si elles s’adressaient aux chrétiens américains

    Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde…

    Les américains, disait-il, ont l’obligation de partager le mode de vie américain. Selon l’animateur, le mode de vie américain, qui est ordonné par Dieu, et qui met l’accent sur la liberté, la prospérité économique et, bien sûr, la démocratie, est un exemple pour le reste du monde. Il représente l’espoir américain qui donne de la saveur et de la lumière au reste du monde.

    Cette émission a démontré combien il est facile d’interpréter le Sermon sur la Montagne, et l’histoire biblique en général, comme une expression de la Destinée Manifeste, qui est elle-même un produit du nationalisme. L’entreprise missionnaire occidentale, note le regretté missiologue sudafricain David Bosch, partait du principe que la culture occidentale était supérieure et que Dieu avait choisi les nations occidentales comme porte-étendards.1 « L’État-nation, affirme-t-il, a remplacé la sainte Église et le saint empire. »2

    Kelly Brown Douglas – une théologienne noire et féministe des États-Unis – dépeint cet état d’esprit comme « l’exceptionnalisme américain », issu des graines du mythe blanc, protestant et anglosaxon. « La ‘ville sur la colline’ que les premiers Américains construisaient, dit-elle, n’était rien de moins qu’un témoignage du chauvinisme anglosaxon »,3 qui ont façonné la démocratie par le biais d’une perception particulière de la manière dont le pays devait être structuré autour de la race ;4 nous continuons d’en voir les effets aujourd’hui.

    Une partie du problème – comme mes étudiants l’entendent souvent – est la tendance à ne pas faire attention au contexte sociopolitique ou au contexte littéraire lorsqu’on lit et interprète l’Écriture. L’animateur du 700 Club, par exemple, a supposé que le « vous » dans le « vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… » se référait à lui et/ ou aux chrétiens américains en tant qu’Américains.

    Mais, si nous prêtons attention au texte et au sens des paroles de Jésus, le « vous » fait référence à la dernière béatitude : « vous qui êtes persécutés à cause de moi » (Matthieu 5/11). Ce sont ces « vous » qui seront le sel et la lumière dans ce monde.5 Ce passage devient ainsi un outil révolu-tionnaire et subversif.

    Le style de prédication de Jésus est particulièrement brillant. Notez comment Jésus met en évi-dence une logique différente. Ceux qui sont « bénis » sont ceux qui n’auraient pas eu d’importance dans la société (les pauvres, les doux, les miséricordieux). Ce sont ceux qui ne vien-nent pas d’abord à l’esprit (ceux qui pleurent, ceux qui ont le cœur pur, ceux qui font la paix).

    Mais ces personnes oubliées et inattendues sont précisément celles que Jésus met en avant comme exemples de ce que signifie être béni ! L’esprit que possèdent les pauvres est un esprit béni parce que les pauvres comprennent le sens de la solidarité. Ceux qui ont faim et soif de justice com-prennent le désir de Dieu de voir les gens vivre dans de bonnes relations les uns avec les autres, avec la création et avec Dieu. Ce sont des caractéristiques du Royaume de Dieu. Rappelez-vous que le type de bénédiction dont parle Jésus n’est pas quelque chose que l’on reçoit passivement, mais plutôt une bénédiction active qui pousse les gens à se lever et à bouger. Les Béatitudes met-tent en évidence une logique alternative qui s’éloigne du désir de se considérer comme « excep-tionnel », précisément parce que cela remplacerait alors Dieu qui est la source même de l’exceptionnalité, de la saveur et de la lumière dans notre monde.

    L’église Sunderland Mennonite Church, Dhamtari, Inde Photo : fournie

    Il ne me semble pas que Jésus nous encourage à déterminer qui est sel et qui ne l’est pas, ou qui est lumière et qui ne l’est pas. Au contraire, Jésus fait ces déclarations catégoriques comme un moyen de décrire quelqu’un qui sert de sel et de lumière ; quelqu’un qui incarne la logique alter-native de Jésus.

    Qui plus est, l’utilisation du mot « vous » par Jésus – “Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde…” – s’éloigne d’une compréhension individualisée et souligne la nature collec-tive de cette affirmation. Comme le note Douglas Hare, spécialiste du Nouveau Testament, « Vous êtes le sel, oui, mais pour la terre, pas pour vous-mêmes. De même, vous êtes la lumière, mais pour le monde entier, et non pour une communauté fermée. »6

    La « communauté toute entière est mise au défi de remplir sa mission collective de servir de sel et de lumière pour le monde….. C’est une mission à laquelle nous devons travailler ensemble. »7

    Lorsque nous adoptons la vision de la logique alternative de Jésus et que nous nous engageons dans une démarche communautaire pour y participer, nous nous libérons des récits qui détruisent, rabaissent, exploitent et excluent. En d’autres termes, nous écoutons les voix de ceux qui sont opprimés, pauvres et marginalisés, précisément pour pouvoir entendre le cri de Dieu. Les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être ; nous devons continuer à lutter pour redresser la situation. La logique de Jésus rejette la clameur des autres récits qui cherchent à attirer non seulement notre attention, mais aussi notre allégeance.

    En nous opposant à ces autres récits, qui cherchent à maintenir « l’exceptionnalisme », à provo-quer l’injustice et à créer des systèmes d’oppression, nous incarnons une politique émancipatrice. Ce terme de Jacques Rancière (un philosophe français) désigne une forme de politique qui rompt avec « ce qui est » pour aller vers « ce qui peut être ». En d’autres termes, elle défie les systèmes qui perpétuent la mort, l’exclusion et la violence, en exposant les conditions sur lesquelles ils re-posent, et réaffirme une action politique alternative qui incarne l’avenir que Dieu désire dans et pour ce monde.

    √Ä la fin de son enseignement sur le livre de Matthieu au séminaire baptiste de Bolivie, mon père a demandé si Luis García Meza, le dictateur bolivien, avait raison d’interdire les chapitres 5 à 7 de Matthieu. Les étudiants ont tous répondu par un « oui » retentissant ! Ces chapitres fournissent les graines d’une logique révolutionnaire qui défierait le pouvoir de Meza – ou de tout autre dictateur.

    Jésus nous invite à participer à une communauté appelée à incarner avec résilience la logique sub-versive et révolutionnaire de libération de Jésus dans notre monde.

    ‚ÄîAndrew G. Suderman est secrétaire de la Commission Paix, professeur adjoint de théologie, paix et mission à Eastern Mennonite University, à Harrisonburg, en Pennsylvanie, EtatsUnis, et directeur des partenariats mondiaux à Mennonite Mission Network.

    Dimanche de la Paix 2022 – Matériels pour le culte


    1. David Bosch, Transforming Mission: Paradigm Shifts in Theology of Mission (Maryknoll: Orbis Books, 2004), 298.
    2 David Bosch, Transforming Mission, 299.
    3 Kelly Brown Douglas, Stand Your Ground: Black Bodies and the Justice of God (Maryknoll: Orbis Books, 2015), 10.
    4 Kelly Brown Douglas, Stand Your Ground, 10.
    5 Douglas R. A. Hare, Matthew: Interpretation (Louisville, Kentucky: Westminster John Knox Press, 1993), 44.
    6 Douglas R. A. Hare, Matthew, 44.
    7 Douglas R. A. Hare, Matthew, 44.