Appel aux chrétiens

Les discours de haine et d’intolérance ne faisant que s’amplifier autour de nous, notre communauté chrétienne d’Indonésie a une vocation difficile. De nombreux groupes ainsi que des écoles islamiques travaillent activement à faire de la République d’Indonésie un pays ayant une idéologie religieuse nationale : un pays islamique. Ce mouvement s’est renforcé ces 10 dernières années avec l’émergence de politiques identitaires lors des élections législatives centrales et régionales.

Pourtant, Dieu ne s’est pas trompé en nous plaçant ici et maintenant, dans ce pays ayant la plus grande population musulmane du monde (environ 229 millions de musulmans sur une population de 271 millions de personnes, soit environ 84%). Notre appel est de faire briller la lumière de Dieu au sein de cette nation.

Comment vivre notre vocation parmi nos frères et sœurs musulmans ? Le passage de Genèse 12/1-5 nous enseigne certains principes qui, si nous les appliquons sérieusement, nous encouragent à persévérer dans notre appel, même si les difficultés et les oppositions sont nombreuses.

1. Le Dieu qui nous appelle est Emmanuel

Sœurs et frères, notre texte nous décrit l’appel d’Abram à quitter sa communauté d’origine, sa famille et son pays. Cet appel lui a coûté beaucoup.

Abram a dû quitter tout ce qui lui était familier, une vie bien installée et une famille de sculpteurs. Les spécialistes de la Bible expliquent que la famille d’Abram avait une entreprise prospère de fabricant d’idoles. Nous savons tous que quitter un lieu familier et partir loin pour commencer une nouvelle vie n’est pas facile. C’est ainsi que nous apprenons le sens de l’obéissance aux commandements de Dieu.

Abram a dû quitter sa famille élargie. La conséquence de ce commandement est qu’il s’est coupé de ses racines culturelles et de sa communauté d’origine. Quitter ses amis, sa famille et tous ses souvenirs a été très douloureux. C’est cela, obéir à un commandement.

Aura-t-il une vie meilleure ailleurs ? Pourra-t-il retrouver une communauté aussi fraternelle que celle qu’il avait ? Peut-on créer une entreprise si tard dans la vie ? Bien sûr, Abram se posait toutes ces questions. Mais nous voyons qu’Abram a vraiment fait confiance au Dieu qui l’avait appelé et qui l’a fidèlement accompagné.

Nous aussi, nous sommes invités à croire que le Dieu qui a appelé Abram est le même Dieu qui nous appelle à vivre selon sa volonté et sa gloire là où nous sommes. Dieu veut que nous soyons ses représentants, que nous diffusions sa vérité et que nous parlions de Dieu à tous ceux qui nous entourent. Comme Abram, nous savons que cet appel n’est pas facile et qu’il nécessite un véritable effort. Nous croyons que si Dieu était avec Abram tout au long de sa vie, Dieu sera également avec nous tout au long de notre vie. Dieu est Emmanuel, Dieu avec nous.

2. Le Dieu qui nous appelle est Fidèle

Un ami m’a dit un jour que la vérité se révèle à l’épreuve du temps. Après avoir étudié l’histoire de la vie d’Abram, j’ai mieux compris le sens de cette phrase. Nous y voyons la preuve que le Dieu qui a appelé Abram est un Dieu qui tient ses promesses.

Non seulement Dieu a été présent tout au long du voyage, mais il a aussi pris soin de sa famille élargie. Remarquez comment Dieu a béni sa famille lorsqu’il vivait dans le Néguev où il y avait une famine (Genèse 12/10-20), puis lorsqu’il s’est enfui en Égypte, et pendant son exil en Égypte. Remarquez aussi comment Dieu a délivré sa famille de la captivité des rois (Genèse 14/1-16); et comment Dieu a sauvé Lot de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19/1-29). Dieu a aussi sauvé et protégé la femme d’Abram, Agar (Genèse 16/1-14) et leur fils Ismaël (Genèse 21/14-20).

Frères et sœurs, nous sommes conscients que répondre à l’appel de Dieu dans nos vies ne fait pas disparaître les problèmes. Au contraire, alors que nous essayons de répondre de tout notre cœur à son appel, de nouveaux problèmes surviennent. Aujourd’hui, le parcours de vie d’Abram nous montre que lorsqu’il essaie d’obéir aux commandements de Dieu de tout son cœur, Dieu est fidèle et “fait sa part”. Dieu soutient, aide, accompagne et bénit Abram.

Nous, chrétiens qui vivons au milieu d’une nation dont la majorité ne connaît pas le vrai Dieu, connaissons l’intimidation. Nous rencontrons des problèmes supplémentaires pour obtenir des permis pour la construction de lieux de culte, ou bien il arrive que des lieux de culte ayant été utilisés depuis des décennies soient soudainement fermés sans raison valable. Nous savons que des chrétiens n’ont pas été promus parce qu’en tant que croyants fidèles, ils ne voulaient pas participer à la malhonnêteté, à la corruption et au compromis. Mais nous croyons que la puissance de Dieu est plus forte. Les gens peuvent essayer de nous empêcher d’être bénis, mais le Seigneur Jésus trouvera toujours une manière de nous bénir. Dieu nous appelle à vivre pour Lui, et est sûrement responsable des conséquences de nos décisions.

3. Dieu qui nous appelle nous demande de répondre par l’obéissance

Sœurs et frères, nous comprenons tous que depuis le tout début, lorsque Dieu a créé l’humanité, Dieu a voulu faire de l’homme l’objet de son amour. Avant que les êtres humains ne tombent dans le péché, nous lisons de belles histoires touchantes sur la relation étroite qui existait entre les êtres humains et Dieu. Dieu veut que les relations brisées soient réparées et que les images déformées que l’on a de soi soient restaurées. Dieu veut être obéi.

L’histoire d’Abram, qui a obéi aux commandements de Dieu, devient pour nous un modèle à imiter. Tout comme nous, Abram à son époque, a fait face à de nombreuses difficultés et tentations. L’une des souffrances d’Abram était que lui et sa partenaire (Saraï) n’avaient pas eu l’enfant promis par Dieu (Genèse 18/11). Même lorsque Dieu a répété sa promesse (Genèse 17/17), Abram avait des doutes. Mais Abram a choisi de continuer à faire confiance à Dieu, obéissant de tout son cœur, jusqu’à ce que Dieu lui donne finalement Isaac. Mais le défi de l’obéissance d’Abram n’était pas terminé, car Dieu l’a de nouveau testé en lui demandant de sacrifier Isaac sur le mont Moriah (Genèse 22/1- 12). De nouveau, nous constatons l’obéissance absolue et inconditionnelle d’Abram à l’appel du Seigneur Dieu.

Frères et sœurs, je crois que Dieu ne nous a jamais appelés ou placés à tort dans ce pays où la majorité de la population ne sait pas qui est le Seigneur Jésus-Christ, où les disciples de Jésus sont ridiculisés et intimidés. C’est ainsi que notre obéissance est mise à l’épreuve. Nous avons le choix : abandonner face aux défis et aux oppositions, ou obéir à Dieu quel qu’en soit le prix.

L’Indonésie a besoin de notre témoignage en tant qu’enfants de Dieu qui osent vivre l’obéissance à la vérité de Dieu, mettant en pratique cette vérité dans la vie quotidienne. Dans nos communautés, nous sommes appelés à être des agents de paix pleins d’amour. Obéir à Dieu ne signifie pas que nous n’aurons pas de problèmes, mais Dieu nous bénira.


—Natanael Sukamto, pasteur de la paroisse GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa) à Sembaturagung, Pati, Java central (Indonésie).