Frontières missionnaires : notre objectif est de partager chaque année une frontière missionnaire avec les membres des réseaux GMF et GASN. Les idées sont d’informer, d’apprendre et d’inspirer sur le travail et les défis que les églises anabaptistes et les organisations sont confrontées dans un pays particulier.
Brève description du pays
L’Église Mennonite du Kenya (KMC) est une union d’églises inscrite légalement en République du Kenya. Le Kenya a une superficie totale de 581 309km2dont seulement9,5% est cultivable. La population s’élève à 48 millions de personnes avec une croissance de 2,3%. Les femmes représentent 52% de la population et 75% de la population a moins de 30 anssoit8 millions de personnes âgées entre 15 et 24 ans. L’espérance de vie est de 50 ans. Kiswahili est la langue nationale et l’anglais est la langue officielle mais il existe 43 autres dialectes et langues urbaines. Le taux d’alphabétisme chez l’adulte est de 78%,alors que le taux de femmes alphabètes est de 42,7%.
Le Kenya est un état laïc. Cependant, le christianisme reste la religion dominante; les protestants et les catholiques représentent respectivement environ 45% et 33%de la population. L’islam représente11%, tandis que les spiritualités autochtones représentent 9% et 2%de la population confesse d’autres religions minoritaires. La constitution K2010 garantit la pleine liberté religieuse. Il y a vingt-deux groupes de personnes que l’Évangile n’a pas atteint (UPG de leur sigle en anglais).
L’économie du pays repose principalement sur la production agricole ainsi que sur quelques industries. Le Kenya est aussi une puissance touristique. Près de 50% de la population survit avec moins d’un dollar par jour alors que 40% de la population active est au chômage. La croissance du PIB réel est de 4-5%, le taux d’inflation étant de5% en janvier 2018.
L’histoire de la KMC et son modèle missionnaire
La KMC trouve ses débuts dans l’Église Mennonite de Tanzanie (KMT). Des évangélistes inspirés par la KMT plantèrent les premières églises pionnières au Kenya le 6 décembre 1942. Jusqu’en 1977, lorsque l’association d’églises fut inscrite en vertu de la loi sur les associations du Kenya (Societies Act), les responsables de la KMT supervisent les paroisses. La raison d’être de la KMC est d’obéir au grand commandement (Mathieu 22/36-40) et à la grande commission (Mathieu 28/18-20). La vision de l’Église est une dynamique intégrale qui permet l’émancipation et la multiplication d’églises missionnaires qui témoignent du Shalom de Dieu dans un monde transformé.
Par la mission, nous évangélisons, formons des disciples et équipons les personnes pour qu’elles soient des témoins de la paix et de la compassion centrées sur le Christ dans leurs familles, au-delà des cultures et dans les espaces publics. Notre appel de ralliement est «Tout le monde est missionnaire où qu’il soit».
Pour ce qui est de sa structure, l’Église est organisée hiérarchiquement en sept diocèses délimités géographiquement. L’autorité globale de la KMC vient des membres des paroisses qui votent lors de la conférence générale annuelle. Les participants à la conférence sont les délégués des diocèses, les équipes pastorales et des responsables laïques. Les organes de l’Église comprennent: Mission Field Cell Fellowship (MFCF), les paroisses, les conseils d’églises et de diocèses. Le Conseil Exécutif National (NEC) est l’organe supérieur d’administration de la mission et gère les affaires de l’union d’églises.
Défis historiques et actuels de la mission
La KMC accueille les contradictions manifestes dans la plupart des églises chrétiennes postmodernes: des périodes de croissance dynamique, de stagnation, de déclin et de renouveau. L’Église a enregistré une croissance impressionnante pendant des décennies. Le nombre de membres a atteint le chiffre de 35 000à un moment donné. Cette croissance exponentielle a vu des paroisses s’établirent au-delà de la région rurale géographique de Nyanza. Cependant, cette croissance a rencontré des difficultés :
Pauvreté et marginalisation:
Les membres des paroisses sont principalement des femmes de milieux ruraux, avec un très haut taux d’analphabétisme, de pauvreté et de maladie. Malgré le fait que les femmes représentent les deux tiers des membres, les traditions patriarcales continuent à marginaliser leur accès aux postes à responsabilité. Les groupes minoritaires tels que les réfugiés sont également négligés. Ces conditions fragiles diminuent la capacité de l’Église à gérer adéquatement le travail missionnaire.
Formation théologique anabaptiste et formation de responsables inadéquates :
Historiquement, la KMC s’est épanouie sous une direction évangéliste à la fois de la mission et de la paroisse. La place de la théologie, des universitaires, des structures et des systèmes continue de générer de la suspicion, du doute et du mépris. Les fonctions coordination de la paroisse du pasteur ont réduit la mission à un thème non prioritaire.
Ethnicité nocive, clanisme et inégalités:
La politique séculière et la politique ecclésiale partagent une histoire d’altérité négative gratifiante, de tribalisme et de clanisme. Ces facteurs ont une influence sur qui s’assoit sur les bancs de l’église mais aussi sur qui se tient sur la chaire. Les paroisses ont tendance à se former comme des alternatives à la sécurité sociale ethnique et clanique et comptent de nombreux chrétiens baptisés mais non-convertis et sécularisés.
Changements sociétaux, idolâtrie et exode des jeunes:
La classe ouvrière et les étudiants ont tendance à aimer les idoles, l’auto satisfaction et les réponses instantanées aux défis des différentes étapes de vie. Ce groupe méprise la promesse de la foi et le «Royaume de Jésus». Au lieu de cela, ils ont adopté l’anti-intellectualisme, le syncrétisme, le légalisme et la logique d’absolutisme des droits humains. La tendance qui en résulte est la déchristianisation et leur sortie de l’Église.
Concurrence entre dénominations, conflit et violence:
Le Kenya est confronté au double défi de la propagation agressive de l’islam et de la menace d’insécurité que représentent les extrémistes islamiques d’Al-Shabaab. Le groupe terroriste forme et arme de jeunes musulmans pour tuer les chrétiens et détruire les églises. L’évangélisation et le travail missionnaire dans les régions à prédominance musulmane est une entreprise à haut risque que peu de chrétiens osent tenter.
Un record d’espoir et de pratiques qui portent des fruits
La KMC célèbre plusieurs modèles de mission en réaffirmant que la mission est l’activité principale de l’Église. L’Église a établi une agence missionnaire nommée Ministère KMC-SPAN (Sending Peace to All Nations ou Envoi de Paix à Toutes les Nations). L’Église confesse que Jésus est la Paix indispensable pour pouvoir témoigner dans un contexte missionnaire encore violent. SPAN entreprend la planification et la mise en œuvre des programmes sous la direction du secrétariat du NEC. Les résultats du renouveau sont à la fois un produit de prières fidèles et d’une vision stratégique, planifiée et d’exécutée.
Les points à souligner sont :
Partenariat pour la synergie et le partage des dons dans le Corps du Christ:
La KMC a établi avec succès des missions interculturelles en Ouganda et au Kenya parmi les personnes non-atteintes(UPG). Au travers d’initiatives propres et de partenariats, l’Église dirige plusieurs missions communautaires et interreligieuses uniques.
Tout le monde est missionnaire:
Nous exploitons les facteurs de déplacements pour recherche d’emploi et d’éducation qui déterminent les tendances des flux migratoires comme une moyen pour l’évangélisation. Les membres partagent l’Évangile et favorisent la création de nouvelles églises MFCF dans leur nouveau lieu de vie.
Paix interreligieuse et contextualisation:
Les relations entre chrétiens et musulmans sont une priorité pour la mission de l’Église. Nous menons des ministères de mission interculturels, con√ßus par le Eastleigh Fellowship Centre (EFC) et le Centre for Peace & Nationhood (CPN), spécialement axés sur les communautés et les écoles dans les quartiers à prédominance musulmane du comté de Nairobi. Ces programmes missionnaires promeuvent le coaching, le discipulat et le témoignage individuel par le biais de formations, de sports pour les jeunes, d’aide à l’entrepreneuriat commercial, de bien-être communautaire, de clubs de paix dans les écoles, de dialogues interreligieux, de santé communautaire et de nutrition.
Recensement, envoi et développement de relations :
Nous priorisons les implantations d’églises selon ce qu’indiquent les enquêtes missionnaires ainsi que nos contacts. Plus précisément, nous apportons l’Évangile dans les régions où des groupes de personnes n’ont jamais été en contact avec la parole en parrainant directement des missionnaires qui évangélisent et plantent des églises dans les communautés multiculturelles identifiées comme étant prioritaires.
Conclusion
Malgré les difficultés décourageantes auxquelles fait face la KMC, notre confiance repose sur les paroles de l’apôtre Paul (Phil 4, 13). Tout en sachant que l’Église prie, nous avons priorisé deux domaines thématiques d’intervention. Le premier est une mission interculturelle dans le comté de Turkana auprès de Sud-Soudanais. Le deuxième, est la formation de femmes et de jeunes responsables anabaptistes. Ce qui les équipera et améliorera leur accès aux rôles de leaders missionnaires rendant possible un ministère complet intégré dans un monde en évolution rapide.
Écrit par le Rev. Patrick J. Obonde (Contact de la mission KMC-SPAN)