Le don du Saint-Esprit au XVIe siècle et aujourd’hui

De nombreux témoignages écrits concernant le début du mouvement anabaptiste mentionnent que l’œuvre du Saint-Esprit en est la principale force motrice. Le Saint-Esprit est donné aux personnes qui le désirent. C’était le cas lors de la Pentecôte (Actes 2) pendant que les disciples priaient ; c’était le cas à l’époque de la Réforme ; et c’est le cas aujourd’hui.

Le Saint Esprit du temps des apôtres jusqu’à celui de Luther

Les anabaptistes et les protestants en général devraient se souvenir que l’Église chrétienne n’a pas commencé avec eux. Pendant les 15 siècles précédents, le Saint-Esprit s’est manifesté de nombreuses fois. Souvenons-nous des premiers martyrs chrétiens, qui, par la force de l’Esprit, étaient prêts à donner leur vie, et qui, même torturés et mis à mort, sont restés fidèles. Beaucoup de mystiques, dans les monastères, les déserts, les grottes, et souvent occupant des responsabilités importantes dans l’Église ont cherché à être remplis du Saint-Esprit, et ont agi par sa puissance et sa sagesse. Les missionnaires aussi, apportant l’évangile en Europe, en Russie, en Inde et en Afrique du Nord, ont prouvé que l’Esprit de Dieu envoie, et permet de franchir toutes les barrières culturelles.

Le Saint-Esprit pendant la Réforme

Luther, Zwingli et Calvin ont tous les trois souligné l’action de l’Esprit de Dieu quand ils ont redécouvert et redéfini l’évangile biblique de la grâce. Non seulement une expérience profonde de paix et de réconfort spirituels, mais aussi un sens très fort de ‘libération de la religion’ et de ‘libération de l’oppression sociale’, y ont été associés. Thomas Müntzer, bien que tragiquement trompé à la fin, a appliqué le Saint-Esprit aux questions de justice sociale et de droits des pauvres et des marginalisés. Melchior Hoffman a évoqué avec une grande sensibilité spirituelle l’effusion de l’Esprit sur la nouvelle Jérusalem à venir.

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Le Saint-Esprit et la dissidence anabaptiste à Zurich en 1525

Le groupe de jeunes érudits autour de Zwingli a très tôt associé l’autorité de l’Écriture à la pratique ecclésiale sous la direction de l’Esprit. Lors des débats d’octobre en 1523, ils ont défié Zwingli de subordonner la décision du conseil municipal à l’autorité de l’Esprit. Conrad Grebel l’a exprimé ainsi : « L’Esprit de Dieu a déjà pris la décision ».

Dans la nuit du 21 janvier 1525, « 15 frères étaient réunis en prière dans la maison de Félix Manz après que le conseil de Zurich leur ait interdit de propager leur foi. Il est écrit qu’après avoir prié, George Blaurock, poussé par l’Esprit, a demandé à Conrad Grebel de le baptiser sur la confession de sa foi... ».

Très vite, les anabaptistes ont été confrontés à un nouveau problème : le nationalisme suisse ou la sécurité européenne sont-ils au-dessus du commandement de Dieu concernant la non-violence et l’amour des ennemis ? Les croyants anabaptistes de Suisse ont exhorté Thomas Müntzer et ceux qui rejoignaient la révolte des paysans à ne pas prendre l’épée, mais à faire confiance à l’intervention de l’Esprit de Dieu.

Quand Michael Sattler a écrit la confession de Schleitheim, l’assemblée locale a clairement statué que les chrétiens renonçaient à l’épée physique pour prendre ‘l’épée de l’Esprit’. Lors de son procès, Michael a déclaré qu’il préférait être tué par un musulman plutôt que de faire partie d’une ‘armée chrétienne’ qui les tue.

Le témoignage de paix et le pouvoir de l’Esprit sont donc étroitement liés dans la tradition anabaptiste.

Le Saint-Esprit aujourd’hui

Quand les mennonites et les pentecôtistes se sont rencontrés à Pasadena en 2006 pour célébrer le centième anniversaire du renouveau de la rue Azusa, ils ont réalisé que le mouvement de renouveau et celui des anabaptistes avaient beaucoup de choses en commun, en particulier la mission, la non-violence, la doctrine de la nouvelle naissance spirituelle et le baptême de l’Esprit.

Conclusion

À mon avis, le mouvement anabaptiste a recouvré trois dimensions essentielles concernant la théologie et la pratique du Saint-Esprit :

  • L’Esprit conduit à la vérité et à une nouvelle vie en Christ.
  • L’Esprit donne de la force dans la faiblesse et lors de persécution.
  • L’Esprit détruit les barrières (culturelles, sociales, nationales) et incite au travail missionnaire.

Paul résume cette expérience dans 2 Tm 1/7–8 : ‘Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi. 

N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur [….].’

—Alfred Neufeld a été président de la Commission Foi et Vie (2009-2018). Il était récemment recteur de l’Universidad Evangélica del Paraguay à Asuncion (Paraguay). Il est membre de la Vereinigung der Mennoniten Brüdergemeinden Paraguays (Frères Mennonites).

Il a parlé lors de Renouveau 2027 : ‘Le Saint-Esprit nous transforme’ à Kisumu (Kenya) le 21 avril 2018. Cet article est adapté de sa présentation.

Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’octobre 2018 de Courier/Correo/Courrier.

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