Amnistie pour Sangmin Lee

Mardi 31 décembre, le dernier jour de l’année 2019, Sangmin Lee m’a appelé tout heureux de m’annoncer qu’il avait été amnistié.

Au début de l’année 2014, Lee a été condamné à 18 mois de prison pour avoir refusé de participer au service militaire à cause de sa foi.

Lee a été libéré le 30 juillet 2015 après avoir purgé une peine de 15 mois, mais la mention de refus de service militaire est restée inscrite dans son casier judiciaire l’empêchant d’occuper un emploi dans de nombreuses entreprises et dans le secteur public.

Même si j’avais entendu parler des pardons officiels accordés à 5174 personnes d’ici la fin de l’année, je ne pensais pas qu’il puisse faire partie des 1879 objecteurs de conscience à en bénéficier. La décision a été prise grâce aux jugements rendus par le tribunal en 2018 qui reconnaissent l’existence de demandes répétées au cours de plusieurs dizaines d’années d’alternatives au service militaire de la part d’objecteurs de conscience.

Le 27 décembre 2019, l’Assemblée nationale de la République de Corée a fini par approuver une loi permettant aux objecteurs de conscience d’effectuer un service alternatif de 36 mois. Actuellement, le service militaire obligatoire en Corée est d’une durée de 21 mois (armée de terre) à 23 ou 24 mois (marine et armée de l’air).

Aujourd’hui, au moins, il existe une alternative au service militaire pour les objecteurs de conscience en Corée du Sud.

Cependant, cette possibilité s’apparente plus à une punition qu’à une réelle alternative. En décembre 2019, le ministère de la défense (non pas le ministère de la justice) a annoncé une révision de la loi. Cette nouvelle loi prévoit que les objecteurs de conscience devront servir durant 36 mois dans des centres pénitentiaires. Sous supervision du ministère de la défense, ils doivent rester dans ces centres sans possibilité d’aller et venir.

Sangmin Lee (comme d’autres objecteurs de conscience) a déjà purgé sa peine en tant que prisonnier à cause de sa foi et sa conscience. Quelle est la différence entre une peine de prison et « 36 mois dans un centre pénitentiaire », à part la durée ?

Je suis soulagé que Sangmin Lee ait pu faire partie des plus de 1800 personnes qui ont enfin retrouvé un statut judiciaire vierge dans la société coréenne. Malheureusement, il nous faut maintenant nous préparer à des peines plus lourdes pour les condamnés pour objection de conscience. Qui leur donnera la vraie amnistie ? 

Prions pour ceux dont la conscience s’oppose à la violence. Qu’ils reçoivent une vraie amnistie ou un pardon officiel.

—SeongHan Kim est un éducateur sur la paix pour le MCC Asie du nord-est. Il vit à Gangwon-do, en Corée du Sud. Ce communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale a été publié pour la première fois dans Bearing Witness Stories Project.


Lisez le reste de l’histoire de SangMin Lee :
 
 

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