En République dominicaine, le Dimanche de la Fraternité anabaptiste mondiale (19 janvier 2020), des mennonites sont descendus dans la rivière pour prier. L’église évangélique mennonite de Saint-Domingue a célébré la famille anabaptiste à travers le monde et aussi localement en utilisant le matériel de culte fourni par la CMM et en célébrant des baptêmes. Vingt-deux personnes ont exprimé leur désir de suivre Jésus et s’engager dans la famille chrétienne locale – et internationale.
En même temps, dans toute la République dominicaine, les membres des 75 assemblées locales mennonites ont commémoré les baptêmes de George Blaurock, Conrad Grebel et Felix Manz en 1525.
L’anabaptisme a été introduit dans les Caraïbes à partir des années 40 par des missionnaires mennonites américains. Aujourd’hui, il y a des unions d’églises mennonites membres de la CMM à Cuba, en République dominicaine, en Jamaïque et à Porto Rico. L’union d’églises des quatre paroisses de Trinité-et-Tobago est membre associé, et des groupes de paroisses se référant aux anabaptistes sont réparties sur d’autres îles.
Suit un aperçu des églises membres de la CMM dans les Caraïbes.
Cuba
- Implantation et multiplication
Au début des années 1950, des missionnaires anabaptistes des États-Unis sont arrivés à Cuba : les Frères en Christ à Cuatro Caminos, près de La Havane, et les mennonites (Franconia Conference) près de Cardenas.
Les Frères en Christ ont évangélisé les villages et ont commencé des cours bibliques et des classes d’école du dimanche. L’Église a été officiellement déclarée en 1954. Les missionnaires mennonites ont développé une stratégie d’autofinancement, d’autoadministration et d’auto-propagation de l’Évangile. Ils n’ont pas demandé que les églises soient déclarées officiellement.
Depuis 1959, avec le succès de la révolution, les 55 églises déclarées et de nombreuses autres non déclarées ont continué de fonctionner, mais seules quelques nouvelles inscriptions ont été acceptées depuis la fin des années 1990. Après 1959, les missionnaires nord-américains ont quitté le pays, ainsi que de nombreux responsables de paroisses cubaines. Mais des responsables cubains comme Juana M. García se sont levés pour continuer à servir les paroisses des Frères en Christ (Iglesia de Los Hermanos en Cristo, Cuba) malgré les difficultés.
En 1992, la constitution cubaine a changé : d’un État athée le pays est devenu un État laïc. Ce changement a entraîné une croissance rapide des églises, en particulier des évangéliques. Divers groupes sont venus à Cuba à la suite de cette évolution. Aujourd’hui, l’Église des Frères en Christ est la seule église anabaptiste déclarée à Cuba. La plupart de ses 100 assemblées sont des églises de maison. Plus de 700 petits groupes fonctionnent à côté des paroisses organisées. Il existe un centre de formation au leadership à Palmira (Cuba) ; le MCC et l’Église Frères en Christ du Canada participent à la formation des pasteurs et des responsables. Un autre groupe mennonite, aux environs de Holguin et de Santiago, est proche de l’Union d’églises conservatrices mennonites de Rosedale, Ohio (États-Unis). Le travail original initié par la Franconia Conference se poursuit également. Ces deux groupes mennonites relativement petits sont des témoins actifs de l’Évangile dans leur région. Aucun des deux groupes n’est officiellement déclaré auprès du gouvernement.
- Difficultés
Les groupes liés à l’anabaptisme cubain se développent. Ils ont besoin de formation et de soutien au leadership. iIs travaillent sur les questions de l’identité anabaptiste. Il leur est difficile d’obtenir des terrains pour des bâtiments d’église.
L’évêque des Frères en Christ, Luis Bermudez Hernandez, dit que la révolution a été un don pour les chrétiens : elle a créé les conditions favorables au développement des églises de maison, où il est facile d’inviter les voisins. Cette stratégie a entraîné une croissance spectaculaire.
République dominicaine
- Implantation
La Conferencia Evangélica Menonita Dominicana Inc. a commencé à l’initiative de l’Evangelical Mennonite Church de Fort Wayne, Indiana (aujourd’hui Fellowship of Evangelical Churches). En 1946, cette église a envoyé des missionnaires : Omar et Laura Sutton et Lucille Rupp. Ils se sont installé dans le sud-est du pays, dans un petit village appelé El Cercado. Peu après leur arrivée, Omar Sutton, d’autres hommes et quelques membres de l’église naissante, ont construit le premier aqueduc au village, qui a apporté un grand changement à la vie de ses habitants.
En septembre 1949, deux couples de République Dominicaine sont arrivés pour remplacer Omar et Laura Sutton. D’autres responsables d’église se sont joints au travail de terrain d’implantation d’églises. L’objectif était de créer 25 églises et d’avoir 1000 membres avant l’année 1967.
- Multiplication
En 1970, la direction à l’échelle du pays était solide, aussi le ministère de Evangelical Mennonite Church a été transféré au comité exécutif de la Conferencia Evangelica Menonita Inc, dans un accord appelé l’Accord de Monte Río, signé à Azua.
Il y a différentes unions d’églises anabaptistes en République Dominicaine : Consejo Menonita Dominicano, Faro Divino (membre de la CMM), Menonitas Conservadores, Iglesia de Dios en Cristo Menonita et Conferencia Evangélica Menonita Dominicana Inc.
- Difficultés
L’une des principales difficultés pour les églises est de préserver la bonne doctrine qui nous vient du mouvement anabaptiste radical du XVIème siècle, fondé sur le principe de rester fidèle à la parole de Dieu, quelles qu’en soient les conséquences. Une autre grande difficulté est de continuer à semer la parole de Dieu parmi la population dominicaine en hommage à notre symbole patriotique. En effet, nous sommes la seule nation dont le drapeau montre une bible, ouverte sur le passage de Jean 8/32 : « vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres ».
La formation des responsables est aussi problématique. Les pasteurs étudient au séminaire mennonite ou à l’université évangélique dominicaine, mais la plupart doivent travailler en dehors de l’église pour avoir un salaire.
La plus grande contribution des anabaptistes dominicains c’est la formation de membres prêts à être de véritables serviteurs là où ils vivent. Aussi il y a une grande présence d’anabaptistes dans toutes les organisations chrétiennes d’entraide en République dominicaine.
Notre vision et notre espoir pour l’avenir : continuer de développer la vision anabaptiste. Faire émerger de nouveaux leaders qui pourront remplacer génération actuelle. Renforcer nos églises en conservant ou en augmentant le nombre de membres.
Jamaïque
- Implantation
David H. Loewen et son épouse Anna – General Conference Mennonite Church –, originaires du Manitoba (Canada), se sont rendus en Jamaïque. « Le Seigneur nous a dit qu’un poste missionnaire devrait être ouvert en Jamaïque ou à Cuba », déclare Anna Loewen. Les Loewen ont été convaincu que c’était la Jamaïque, et ils y ont emménagé en 1954.
Mahlon Blosser, Myron Augsburger et Warren Metzler (de Virginia Mennonite Mission) ont rencontré les Loewen lors d’une visite exploratoire en Jamaïque et rapidement commencé à y travailler.
Après des conversations et des préparatifs, l’assemblée a reçu 15 membres par confession de foi et 11 par baptême le 10 juillet 1955. Ces baptêmes, célébrés dans le port de Kingston, marquent la naissance de la Jamaica Mennonite Church (JMC).
√Ä la fin des années 1970, les missionnaires étrangers n’obtenaient plus de permis de travail, si bien que toutes les paroisses sont désormais dirigées par des pasteurs et des laïcs locaux.
- Multiplication
Aujourd’hui, les assemblées de la JMC organisent des réunions d’évangélisation en plein air dans des régions où il n’y a pas d’églises. Elles diffusent des émissions radio hebdomadaires de 15 minutes ‚ÄòLe Chemin de la Vie’, qui présentent l’Évangile et apportent du réconfort. Elles soutiennent un dispensaire périodique avec du personnel médical qualifié qui donne des soins aux mamans et aux bébés, s’occupe des vaccinations, prend la tension artérielle et fait le dépistage du diabète. Avec l’approbation du gouvernement, deux paroisses s’occupent de crèches et quatre pasteurs servent de conseillers d’orientation dans les écoles locales.
L’Église Mennonite de Jamaïque (JMC) a des relations fraternelles avec l’Église Mennonite de Trinité-et-Tobago (MCTT) et la Virginia Mennonite Conference (VMC).
- Difficultés
La Jamaïque totalise le plus grand nombre de paroisses par kilomètre carré de tous les pays du monde : plus de 1 600 représentant 438 dénominations déclarées, pour une population d’environ 2,8 millions d’habitants. Pourtant, [aujourd’hui] il y a moins de personnes qui choisissent de se former en théologie ou d’être responsable de paroisse.
Le mouvement vers les villes à la recherche de formations et d’emplois vide les églises rurales, et l’influence du Canada, de l’Angleterre et des États-Unis entrent parfois en conflit avec ce qui serait bon pour les Jamaïcains.
- Mission
L’Église Mennonite de Jamaïque, par la puissance de l’Esprit Saint, s’est engagée à honorer et glorifier Dieu par le culte et la piété, par l’étude de la Parole de Dieu, par son style de vie et la communion fraternelle, par l’évangélisation et les actions pour la paix.
Porto Rico
- Implantation et multiplication
La Convenci√≥n de las Iglesias Menonitas de Puerto Rico, Inc. (CIMPR) est l’organisation qui représente et conduit les églises mennonites de Porto Rico. La CIMPR a été fondée en 1943, lorsque l’Église mennonite américaine cherchait un moyen de « servir et édifier » plutôt que de participer à la Deuxième Guerre mondiale. C’est dans cette optique qu’en 1943, plusieurs mennonites arrivèrent dans le quartier de La Plata du village de Aibonito pour travailler sur des projets concernant l’agriculture, la santé et le secteur social.
Leurs témoignages touchèrent de nombreuses personnes qui donnèrent leurs vies à Dieu. C’est ainsi que la fraternité de La Plata commença. Grâce à la clinique, les cultes d’évangélisations, l’école du dimanche, les cours bibliques d’été et les témoignages personnels, l’église a fait connaitre l’Évangile.
Elle a demandé le soutien du Mennonite Mission Network à Elkhart, Indiana, qui envoya des missionnaires pour mettre en place les premières paroisses. En 1946, l’assemblée locale Betania vit le jour dans le quartier Pulguillas de Coamo ; puis, en 1947, celle de El Calvario dans le quartier de La Plata à Aibonito : ensuite, en 1948, l’assemblée locale Esmirna dans le quartier Coamo Arriba de Coamo ; et enfin, en 1949, celle Palo Hincado dans le quartier du même nom à Barranquitas.
En tout, 16 paroisses rassemblant 900 membres sont fondées dans l’île. Aujourd’hui, 12 fonctionnent toujours.
- Difficultés
L’Église mennonite de Porto Rico fait face à différents problèmes : par exemple la nécessité de créer de nouvelles paroisses pour augmenter sa présence sur l’île ; l’influence d’autres doctrines qui nous mettent au défi de discerner et d’affirmer notre identité commune et notre unité en tant qu’Église du Christ. Il faut remarquer que cette influence a aussi enrichie la vie et la mission mennonite de diverses manières. L’Église mennonite anabaptiste a grandement contribué au développement de l’agriculture, de l’élevage et de l’éducation. Mais son héritage est surtout d’avoir répandu l’évangile et démarré dont beaucoup aujourd’hui sont devenues des hôpitaux.
Avec la bénédiction de Dieu et la puissance du Saint Esprit, l’Église mennonite de Porto Rico continuera de tracer un chemin et de surmonter les difficultés pour répandre l’évangile de Christ.
Trinité-et-Tobago
Les mennonites sont arrivés à Trinité pour la première fois dans les années 1960 et ont diffusé des émissions de radio et procuré des soins médicaux aux personnes atteintes de la maladie de Hansen (lèpre). La première assemblée locale de l’Église mennonite de Trinité a vu le jour en 1974. Au fil des ans, la Virginia Mennonite Mission a envoyé des missionnaires, mais les 5 paroisses qui composent l’Église aujourd’hui ont des responsables locaux..
Contributeurs:
Juan Carlos Col√≥n, modérateur, Convenci√≥n de las Iglesias Menonitas de Puerto Rico, Inc.
William Broughton, président, Église Mennonite de Jamaïque
Robert J Suderman, retraité, Mennonite Church Canada
Ainsi que : GAMEO, VMM
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2020 de Courier/Correo/Courrier. Cliquez ici pour lire d’autres articles de ce dossier.