Vivre ensemble comme un seul être

CMM : Cent ans de communion

Dans des circonstances remarquablement similaires à celles d’aujourd’hui, un groupe de mennonites a entrepris un pèlerinage depuis le sud de la Russie (aujourd’hui l’Ukraine) jusqu’à Zurich, en Suisse, en 1925. Ils transportaient un message de la Conférence mennonite panrusse à présenter lors du premier rassemblement mondial de la Conférence Mennonite Mondiale.

La délégation a exprimé ces aspirations dans sa lettre : « Nous accueillons favorablement l’idée de créer une union mennonite mondiale, dont l’expression unanime devrait être une réunion des représentants de tous les mennonites du monde ».

La création d’une organisation mennonite mondiale et diversifiée renforcerait l’Église, en particulier parmi les petits groupes dispersés. Elle pourrait faciliter le financement des écoles chrétiennes, encourager les activités missionnaires, aider les nécessiteux et les souffrants, relever les défis de la migration et établir un annuaire mondial.

La lettre apporte un message inspirant de mutualité, de solidarité mondiale et d’espoir d’unité au milieu d’une diversité dramatique.

Les temps ont-ils changé ? Ou avons-nous encore besoin qu’on nous rappelle l’importance cruciale de l’unité compte tenu de la diversité de nos propres expériences ?

Il y a plus de 2 500 ans, un autre groupe a entamé un pèlerinage à Jérusalem depuis une région plus à l’Est, porteur d’un message à partager entre les communautés d’autres groupes juifs exilés. Nous connaissons aujourd’hui ce message sous le nom de Psaume 133, qui se commence avec :

« Oh ! Quel plaisir c’est, pour des frères, et quel bonheur que d’être ensemble ! »  (Psaume 133.1, SEM)

En chantant ce cantique chaque année, les exilés ont découvert que le fait « d’être ensemble » est un don de Dieu, une réalité concrète et attrayante.

Un don de Dieu

Le passage explique comment l’huile et la rosée descendent. Ces images illustrent la manière dont le psalmiste envisage l’unité des Israélites : elle est accordée par Dieu. La véritable unité ne peut être construite ou atteinte par des accords humains sur des doctrines ou des pratiques ; c’est un don divin.

Une réalité attrayante

L’unité est une bénédiction qui attire d’autres bénédictions. C’est une vie épanouie qui s’étend vers l’extérieur – un parfum qui se répand, une rosée qui imprègne. Tout comme un arôme agréable attire l’attention, l’unité du peuple de Dieu est quelque chose que tout le monde souhaite expérimenter. Lorsqu’on la découvre, elle devient irrésistible.

Une réalité concrète

Le premier mot après le titre du Psaume 133, le mot hébreu hinneh – qui signifie « regarder » ou « contempler » – revêt une grande importance. En nous invitant à « regarder », le texte suggère que l’unité du peuple de Dieu n’est pas simplement un concept « spirituel ». Ce n’est pas non plus quelque chose que nous ne connaîtrons qu’après la mort. L’unité du peuple de Dieu est une réalité tangible qui peut être vue et ressentie ici et maintenant.

Pendant des siècles, les théologiens chrétiens ont vu dans ce psaume un avant-goût du concept néotestamentaire d’être un ou de communion, où l’unité n’est pas comprise comme l’uniformité ou l’unisson, mais comme l’harmonie au sein de la diversité.

Comme les Israélites en exil, la délégation mennonite de 1925 espérait que l’unité deviendrait une réalité tangible. Ils espéraient faire partie d’un organisme mondial plus grand qu’eux même.

Ils ont imaginé une organisation qui incarnerait cette unité.

Et aujourd’hui ?

Nous vivons ce que la délégation avait envisagé il y a 100 ans.

Cette communauté tant espérée a pris la forme de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM).

Nous nous efforçons d’incarner la communion.

Nous facilitons le travail en interdépendance dans les ministères de l’éducation, de la mission et de la paix.

Nous aidons les Églises qui souffrent et nous nous engageons dans de nombreuses autres initiatives visant à renforcer l’unité.

Alors que nous célébrons le centenaire de la CMM, rappelons-nous que l’unité est un don de Dieu. Soyons attirés par elle comme par un aimant. Rendons-la tangible. Prions pour que notre unité soit source d’espoir pour nos Églises dans les moments de souffrance et d’oppression, et pour un monde qui se désagrège sous le poids de la violence, du nationalisme, de la fragmentation et de la polarisation.

César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario (Canada). Cet article est adapté de son sermon prononcé à Schönblick, en Allemagne, le 25 mai 2025, à l’occasion du 100ème anniversaire.