Les jeunes anabaptistes : l’Église d’aujourd’hui

Les YABs prennent la parole à PA 2015 et font des projets pour leur avenir

Ils ont une histoire relativement courte, mais leurs voix à PA 2015 étaient saisissantes et incisives.

En fait, les présentations des Jeunes Anabaptistes pendant le culte du matin au Rassemblement ont provoqué certaines des conversation les plus animées, et elles ont été postées et discutées largement sur les médias sociaux et au-delà.

Sous le nom de ‘YABs’ (jeunes anabaptistes), ces représentants des jeunes des Églises membres à la CMM ont dit la vérité sans ambiguïté. Ils ont posé des questions percutantes. Leurs convictions ont fait réfléchir.

Ce n’était pas par hasard. Les membres du Comité YABs, responsables de la mission et des activités des YABs, sont disciplinés et très matures. Moyenne d’âge : 28 ans et demi.

Ce groupe a vu le jour en 2003, juste avant le Rassemblement de la CMM à Bulawayo (Zimbabwe). Plus de 220 jeunes (18-30 ans et +) de 28 pays se sont réunis pour le premier Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS) pour développer des relations entre eux.

La rencontre a rencontré un tel succès que les jeunes responsables ont demandé qu’un deuxième GYS soit organisé.

Elina Ciptadi-Perkins (Indonésie) dit : « Lorsque nous étions ensemble à Bulawayo, nous avons demandé à être représentés de façon permanente au sein de la CMM. Nous voulions créer un groupe directeur de cinq jeunes pour y être actifs, composé d’un représentant d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord.

Elina, déléguée de l’union d’églises mennonites de la GKMI (Indonésie) en 2003, a été nommée responsable du groupe, qui s’appelait alors ‘Amigos’.

Le troisième GYS, auquel plus de 400 jeunes ont participé, a eu lieu au Messiah College à Grantham, Pennsylvanie, du 17 au 19 juillet 2015, juste avant le Rassemblement à Harrisburg. Elina, toujours fervente partisane des YABs, et deux membres actuels du comité YABs, Rodrigo Pedroza (Mexique) et Marc Pasques (Espagne et Australie), parlent des YABs aujourd’hui.

« Nous étions mieux préparés que jamais pour le GYS 2015. Nous avions interrogé des jeunes de chaque pays. Leurs requêtes et leurs souhaits ont guidé nos cultes, nos séminaires, nos jeux et tout le temps que vous avons passé ensemble » dit Rodrigo.

Mais les YABs étaient bien préparés aussi pour le Rassemblement qui a suivi. « Au Zimbabwe, en 2003, les jeunes avaient un verset à lire pendant les sessions principales. Dans le passé, on nous considérait comme ‘créatifs’ et ‘remplis d’énergie’… ‘Peut-être pourraient-ils faire un peu de musique ?’… Mais à PA 2015, les YABs ont eu un rôle clé chaque matin » précise Elina.

« On voit maintenant que nous avons le don de discernement et l’esprit critique. Nous voulons travailler avec nos frères et sœurs plus âgés. Maintenant, nous dialoguons ».

Dans certains pays, les YABs ont des responsabilités majeures dans leurs paroisses. « La moitié des pasteurs du Mexique sont des jeunes », dit Rodrigo, président du Comité YABs et l’un des intervenants du matin à PA 2015. « Les assemblées mennonites mexicaines ont abandonné la bureaucratie, aussi les jeunes sont très engagés.

Dans mon pays, les idéaux anabaptistes ont été perdus de génération en génération. On ne les a pas enseignés à nos anciens responsables, préférant une approche charismatique et pentecôtiste. Nous aidons à mettre en pratique l’anabaptisme et à redécouvrir sa fraîcheur ».

Marc Pasques a été invité à être délégué YABs au deuxième GYS au Paraguay en 2009. « L’union d’églises de Marc est devenue membre de la CMM juste avant le Rassemblement au Paraguay », se souvient Elina. « Outre les compétences évidentes de Marc, nous l’avons invité pour encourager son union d’églises à être immédiatement connectée à l’Église mondiale. »

Le Comité YABs est formé d’un représentant de chacun des cinq continents, plus un mentor, travaillant pour la CMM. Les membres qui ont achevé leur mandat à PA 2015 sont Rodrigo Pedroza (Mexique) Tigist Tesfaye Gelagle (Éthiopie), Soumana Basumata (Inde), Marc Pasques (Espagne/Australie) Lani Prunés (États-Unis) et Ayub Omondi (Kenya), à titre de mentor.

Dès le début, le Comité YABs a eu une vision inhabituelle. « Le premier groupe a ‘semé les premières graines’ sur la façon dont nous, les jeunes, pourrions contribuer à la CMM » dit Elina.

« Notre deuxième équipe a rencontré les différents groupes de la CMM ; nous avons expliqué qui nous étions et quels étaient nos dons, et nous avons demandé à collaborer davantage. C’était l’étape d’infiltration : nous voulions aller plus loin qu’une participation symbolique. Depuis le Paraguay, nous avons rédigé notre projet

Nous avons toujours désiré développer des relations et créer des réseaux. Beaucoup d’entre nous avaient accès au courrier électronique, mais à l’époque, dans le Sud, peu de jeunes avaient un accès régulier. Cette réalité est en train de changer. »

Rodrigo continue « Maintenant, ces intérêts relationnels sont un élément clé de notre plan. »

« Nos projets concernent les jeunes que nous représentons, mais aussi les adolescents qui veulent être connectés. Dans les petites paroisses à travers le monde, les distinctions d’âge ne sont pas aussi importantes », dit Tigist Gelagle. « Nous concevons des activités spécifiques pour eux, et en même temps, nous les exposons aux réalités des autres. Et c’est comme un rappel : ‘Tu appartiens à une grande famille. Tu n’es pas seul’.

Nous préparons du matériel didactique sur le livre des Actes. Ce sera une étude biblique, dans laquelle figureront des explications sur l’anabaptisme. Elle montrera comment intégrer les interprétations anabaptistes de la Bible dans sa propre culture.

« Le Comité YABs a été particulièrement attentif à son propre développement en tant que groupe responsable, » dit Elina. « Quand nous avons commencé, nous avions besoin d’une vision. Nous n’avions jamais fait partie d’un groupe multiculturel. Il y a eu entre nous des tensions qui auraient pu être évitées si nous avions eu plus d’expérience. Des responsables de la CMM nous ont aidés, mais aucun n’avait été spécifiquement nommé pour nous donner des conseils.

Donc, après le GYS au Paraguay, nous avons décidé d’inviter deux membres du comité précédent dans la nouvelle équipe pour parler des différents mode de communication interpersonnelle et pour nous aider à mieux nous comprendre et éviter de gaspiller du temps et de l’énergie en conflits.

Nous avons également nommé un mentor, membre du précédent comité YABs, pour nous aider à organiser notre travail ; ce rôle de mentor est très important. »

« Nous ne voulons pas être l’avenir de l’Église », dit Rodrigo catégoriquement. « Nous voulons être le présent de l’Église. On croit enfin en nous. On nous fait confiance. Nous devons utiliser cette opportunité pour être écoutés – à bon escient.

Nous devons continuer à être respectueux les uns des autres. Nous sommes différents. Nous pensons différemment. Mais nous avons besoin les uns des autres. Par exemple, nous devons garder nos convictions sur la paix, surtout quand nous sommes chacun chez nous. »

« Ma prière », dit Elina, « c’est que les jeunes ne pensent pas ‘qu’ils sont arrivés’. Les choses pourraient sembler faciles maintenant, car nous avons été pris au sérieux à PA 2015. J’espère que cela n’ira pas de soi sans travail ni effort. »

– Phyllis Pellman Good est écrivaine et éditrice à Lancaster (États-Unis).

Lors du Rassemblement, les futurs anabaptistes avaient leur propre programme pour explorer le thème ‘En marche avec Dieu’ lors des sessions pour les enfants et les adolescents. Photo : Jonathan Charles

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