Nous estimons que 9 500 assemblées locales dans le monde font partie de la Conférence Mennonite Mondiale. Cela signifie que, potentiellement, 9 500 églises de paix sont actives dans les nombreux endroits où la réconciliation est nécessaire. Le but de la Commission Paix de la CMM est d’encourager, de développer et de fournir des ressources à ces 9 500 artisans de paix.
Nous nous sommes donc tournés vers les églises membres de la CMM et nous leur avons demandé de répondre à cette question : “Où en est votre église dans son désir d’être une église de paix?”
Qu’avons-nous appris ?
C’était encourageant et très émouvant de lire les réponses. Nous y avons lu la vulnérabilité des églises membres de la CMM et avons eu un aperçu de leur vie. Elles nous ont révélé leurs difficultés et leurs efforts pour être ambassadrices de paix dans notre monde brisé. Les personnes qui ont répondu ont :
1) exprimé un profond désir d’être ‘église de paix’. Cela signifie pour elles d’être des communautés non-violente de disciples de Jésus dans leurs contextes. C’est encourageant car cela ne va pas de soi.
2) décrit les moyens importants et créatifs mis en oeuvre pour renforcer leur identité d’église de paix.
3) signalé, pour la plupart, des déclarations ‘officielles’ affirmant qu’elles avaient une vision d’église de paix.
4) indiqué qu’un écart (plus ou moins grand) séparait les déclarations officielles de l’église de sa vie quotidienne. “Nous ne mettons pas encore en pratique ce que nous prêchons, ainsi que nous le devrions.”
5) mentionné les terribles difficultés auxquelles elles sont confrontées dans leurs efforts pour être des églises de paix. Ces difficultés varient en fonction du contexte, mais elles sont très grandes.
6) dit que la compréhension de ce qu’est la paix a évolué de la ‘réaction’ (ne pas nuire à autrui) à l’’action’ (faire du bien aux autres).
7) dit qu’elles avaient besoin de davantage de ressources pour renforcer leur identité d’église de paix.
Quelles difficultés ces églises rencontrent-elles ?
Les réponses les plus émouvantes décrivaient les difficultés contextuelles à être une église de paix. (voir : www. mwc-cmm.org/node/99) Il est évident que s’attendre à ce que 9 500 ambassadeurs de paix soient à l’oeuvre dans chaque contexte est très exigeant. Deux choses sont très claires : la vocation de la paix est extrêmement importante et nécessaire, et réaliser cette vocation est exceptionnellement complexe.
Je n’ai pas la place d’entrer dans les détails. Voici seulement un aperçu des difficultés auxquelles nous sommes confrontées :
Canada : L’impact anesthésiant du matérialisme, de l’individualisme, de l’aisance et du confort nous empêche de voir la misère engendrée par la pauvreté, la révolution et la violence.
Honduras : L’influence persistante du machisme individuel et dans les rapports sociaux éclipse la paix du Christ.
Taiwan : L’atmosphère de militarisation produite par les milliers de missiles chinois ciblant Taiwan, rend difficile d’aimer nos ennemis comme le Christ nous l’a commandé.
Indonésie : Il nous est difficile de développer une identité d’église de paix parce que les pasteurs de nos églises étudient dans des séminaires qui n’enseignent pas la paix.
Colombie : Des décennies de militarisation et de guerre civile ont fait de la paix un idéal inaccessible.
Espagne : Nous partageons un ‘panier d’amour’ les uns avec les autres, mais nous devons faire beaucoup plus.
Une question pressante
Chacune de ces difficultés est immense en elle-même. Quand elles sont toutes présentes, l’énormité de notre vocation est frappante. La paix est plus que nécessaire dans notre monde, mais sa réalisation est complexe. Peut-être que la principale chose à retenir de ses réponses est que nous ne pouvons pas être des églises de paix sans efforts. Si nous voulons l’être, il nous faut y travailler de manière délibérée et avec une stratégie.
Je me souviens d’une visite où nous avons rencontré les responsables d’une assemblée semi-rurale du centre de l’Inde. Ils nous ont dit que leurs enfants et petitsenfants ne savaient plus ce que cela signifiait qu’être mennonite. Ils en étaient attristés, et nous ont demandé “Qu’est-ce que la CMM va faire à ce sujet ?”
Cette question de l’Inde est profonde. Elle met en avant la préférence théologique identitaire. Elle révèle que cette identité doit être accompagnée de comportements qui la stimulent et la renforcent délibérément dans les paroisses.
Comment répond la CMM ?
Elle répond de plusieurs manières : Tout d’abord, nous continuons à faire connaître nos ‘Convictions Communes’, rédigées par la CMM en 2006. Elles fournissent une base commune pour être une église de paix anabaptiste. Elles doivent être étudiées, répandues et utilisées.
Deuxièmement, la CMM recommande un certain nombre de livres, de rapports et de documents utiles pour les églises membres qui cherchent à renforcer leur identité anabaptiste-mennonite. Des livres comme ‘What we believe together’ d’Alfred Neufeld, ‘Une Culture de la Paix’ de Paulus Widjaja, Alan et Eleanor Kreider, et ‘Graine d’Anabaptiste’ de C. Arnold Snyder, sont de bonnes ressources sur l’identité anabaptiste à partir de divers angles (historique, théologique, etc.). (voir : www.mwc-cmm.org/node/419) Le rapport final sur le dialogue international luthéromennonite, ‘Guérir les mémoires : se réconcilier en Christ’, et le rapport final sur le dialogue international catholiquemennonite, ‘Appelés ensemble à faire oeuvre de Paix’, sont des documents très utiles qui pourraient être adaptés pour le ministère d’enseignement de l’Église. Les trois articles récemment discutés et approuvés par le Comité Exécutif de la CMM constituent un autre ensemble instructif et utile. (voir : www.mwc-cmm.org/node/225)
Troisièmement, la Commission Foi et Vie de la CMM proposera des ateliers ‘identité’ aux églises qui le demandent. La Commission espère qu’ils pourront être en face-à-face, dynamiques et stimulants, et que les questions de l’identité anabaptiste seront explorées en collaboration avec les animateurs.
Quatrièmement, la CMM projette de placer des représentants régionaux sur chaque continent. Ces personnes pourront encourager les églises membres à travailler ensemble sur les questions liées à la paix.
Cinquièmement, la CMM a pour objectif de concevoir et de diffuser des ressources pour les instituts de formation liés à l’Église. Cette initiative est née de deux consultations de la CMM, animées par des enseignants mennonites lors de Paraguay 2009, et en Suisse en 2012. Ces consultations ont abouti à la conviction que des documents de base destinés aux écoles doivent être créés pour contribuer à une formation identitaire.
Sixièmement, la Commission Paix a conçu une jolie ‘Affiche de la Paix’ qui nous aidera à nous rappeler la centralité de la paix dans l’évangile du Christ (l’affiche se trouve au centre de ce numéro). Nous espérons que cet outil visuel trouvera une place de choix dans les lieux de culte. En outre, la Commission Paix travaille sur des lignes directrices concernant l’évaluation et la gestion des conflits.
Enfin, et peut-être surtout, la CMM offre une opportunité en même temps qu’une structure réelle à laquelle les églises membres du monde entier peuvent appartenir. Quelqu’un demandera sûrement : “À quel groupe appartenez-vous ?” “Pourquoi est-ce important d’en faire partie ?” Ces questions sont d’excellentes occasions pour clarifier notre identité et notre vocation en tant qu’église de Paix.
Robert J. Suderman est secrétaire de la Commission Paix de la CMM.
Affiche de Paix
Cliquez ici pour voir cette affiche. Cette affiche, présentée par la Commission Paix et conçue par Glenn Fretz, est destinée à rappeler aux églises membres de la CMM la centralité de la paix dans l’évangile du Christ.
Qui a répondu au questionnaire sur la paix ?
Quand la Commission Paix de la CMM a posé la question : “ Où en est votre église dans son désir d’être une église de paix? “, 21 églises membres sur 100, de quatre continents, ont répondu.
Les participants étaient :