Ê renouveau 2027 – De nos jours, la migration de masse est une préoccupation pour de nombreux pays : elle fait partie à la fois du passé et du présent des anabaptistes-mennonites. Nous sommes en même temps ceux qui ont émigré et ceux qui accueillent de nouveaux voisins dans leur nouvelle maison. Lors de’ Justice sur le Chemin : Migration et Histoire Anabaptiste-Mennonite’, le 6 avril 2019, des orateurs du monde entier ont présenté des témoignages sur la migration.
L’histoire des États-Unis d’Amérique est une histoire d’immigration. De personnes qui cherchent une vie meilleure. Des personnes en quête de liberté religieuse.
Pour de nombreux mennonites établis de longue date [aux États-Unis] comme moi, ce qui concerne l’immigration dans leur histoire est maintenant très éloigné de la vie et des expériences quotidiennes. Pour d’autres mennonites, fuyant des pays comme le Myanmar, et à la recherche d’un nouveau foyer dans un lieu comme Lancaster en Pennsylvanie, c’est une histoire beaucoup plus récente.
Ces dernières années, le sujet de l’immigration a été politiquement sensible dans mon pays, même parmi les chrétiens.
Si ce sujet est confus et sans réponses politiques claires, des réponses bibliques existent depuis longtemps, depuis que la loi de Moïse a demandé aux gens d’aimer les étrangers, leur rappelant qu’ils étaient autrefois esclaves en Égypte (Lévitique 19/33–34).
Perspectives américaines
L’histoire et la culture espagnole et latino-américaine étaient ma matière dominante à l’université. Mon professeur préféré était une femme extraordinaire du Panama qui m’a beaucoup appris sur les perspectives latino-américaines, en particulier en lien avec les États-Unis.
C’est grâce à elle que j’ai appris qu’il était préférable de s’appeler États-Unien plutôt qu’Américain, car techniquement, toute personne qui vit en Amérique du Nord, centrale ou du Sud est ‘américaine’. Lorsque les États-Unis s’approprient ce mot, c’est une manifestation d’arrogance.
Grâce à elle, j’ai appris que l’histoire de la migration vers les États-Unis au XXe siècle est plus étroitement liée à l’Amérique latine qu’à tout autre continent – et elle n’est pas très belle. Pour cette raison, je tiens à vous présenter des excuses au nom de mon pays. Non seulement parce qu’un mur est en construction, mais parce que mon pays s’est indûment mêlé à la politique de l’Amérique latine, non pas dans l’intérêt de sa population, mais pour son intérêt personnel. Cette politique s’est ajoutée aux cycles de corruption et d’inégalité qui engendrent le besoin d’immigrer vers le nord pour de nombreuses familles.
Actes des anabaptistes
Lorsque je regarde en particulier la manière dont notre famille anabaptiste-mennonite a traité les immigrants aux États-Unis et au Canada, cela m’encourage, car je vois des actes d’amour et non des réactions de crainte, ce que notre Seigneur Jésus nous appelle à faire.
Si vous visitez des villes aux États-Unis, vous verrez peut-être un panneau sur une pelouse (voir encadré). Quand je l’ai vu pour la première fois, j’ai pensé que c’était un moyen simple et beau de dire « Bienvenue ». J’ai été surprise d’apprendre par Mennonite World Review que l’idée du panneau était née dans une église mennonite en Virginie. Elle voulait bien accueillir ses voisins qui parlaient espagnol et arabe.
Dans mon État d’origine, l’Ohio, j’ai des amis de Rosedale Bible College qui se sont installés dans un quartier d’immigrants musulmans à côté d’une mosquée locale, afin de manifester de l’amour aux habitants et de nouer des relations avec eux. Ce groupe de jeunes s’est intégré à la communauté internationale des immigrés en s’occupant des enfants, en enseignant l’anglais, en donnant des cours de conduite, etc.
Un été, il y a deux ans, lorsque des chrétiens ont manifesté contre la haine devant la mosquée de leur quartier, ils se sont rassemblés à l’extérieur de la mosquée pour promouvoir la paix et manifester leur amour et leur solidarité à leurs voisins musulmans.
Une autre église mennonite de Columbus, dans l’Ohio, s’est beaucoup dévouée pour offrir un refuge à une immigrante sans papiers, Edith Espinal, pendant plus d’un an. Tant qu’elle vivra dans l’église, le service américain de l’immigration et des douanes s’abstiendra de la déporter en raison de sa politique consistant à éviter les ‘lieux sensibles’ comme les églises. Au moment de mettre sous presse, elle attend toujours d’obtenir le droit d’asile.
Avoir le royaume pour identité
Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont j’ai vu des frères et des sœurs manifester leur amour et leur hospitalité aux immigrants et aux réfugiés en Amérique du Nord. Je sais qu’il y en a beaucoup plus, mais je sais aussi que notre Père céleste voit chaque geste de ses enfants. ‘Et le roi leur répondra : “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait !”‘ (Mattieu 25/40).
En fin de compte, nous, frères et sœurs, partageons tous l’histoire de la migration dans le royaume éternel. Notre identité spirituelle est celle d’être étrangers dans un pays étranger, en pèlerinage vers notre véritable foyer. Puissions-nous continuer à nous soutenir mutuellement sur le chemin de la foi, de l’espoir et de l’amour.
—Larissa Swartz est la représentante nord-américaine au comité YABs (Young AnaBaptists). Elle vit dans l’Ohio où elle travaille avec des étudiants étrangers et fait partie de la London Christian Fellowship. Elle a parlé à ‘Renouveau 2027 – Justice sur le Chemin: Migration et Histoire Anabaptiste-Mennonite’ à San Rafael de Heredia (Costa Rica) le 6 avril 2019. Cet article est adapté de sa présentation.
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’octobre 2019 de Courier/Correo/Courrier.